Le conseil a permis la tenue du débat d’orientations budgétaires (DOB) posant les orientations en matière de budget pour l’année 2021 et pour le mandat.
- Le futur budget maintiendra un haut niveau d’investissement, essentiel pour accompagner la relance économique et engager la transition écologique.
- Avec un niveau d’endettement maîtrisé, la Métropole investira dès 2021 à hauteur de 600 millions d’euros. Un budget à la hauteur de l’urgence économique, sociale et climatique.

Cher Président, chers collègues,
Oui, ce Débat d’Orientation Budgétaire, préalable à l’adoption du budget 2021, intervient dans un contexte inédit : celui d’une crise sanitaire, qui s’est rapidement doublée d’une crise économique et sociale. Nous ne pouvons – nous ne devons pas – en faire abstraction.
Ces derniers mois, notre Métropole a dû – et doit encore – faire face à des dépenses exceptionnelles en réponse à l’urgence. Ce ne sont pas moins de 158 M€ de dépenses supplémentaires qu’il a fallu assumer depuis le début de la pandémie : aides aux entreprises, soutien au secteur médico-social, au secteur associatif, achat de matériels de protection indispensable au bon fonctionnement des services… Le nombre de bénéficiaires du RSA est passé à lui seul de 40 000 à 44 000 entre 2019 et juillet 2020. Et même s’il a pu déployer par ailleurs des moyens conséquents pour faire face à la crise, l’État n’a pas apporté de compensation à la hauteur des dépenses des collectivités : seuls 2,7 M€ ont été versés à la Métropole pour l’achat de masques et protections individuelles, c’est sans commune mesure avec les 158M dépensés.
Dans le même temps, et avec un effet ciseaux très négatif, nous assistons à une diminution de nos recettes, liées à la fois à la baisse de fréquentation des équipements, au ralentissement de l’économie et aux allégements fiscaux consentis en direction des entreprises du territoire, pour qui ce geste était plus que nécessaire. 20M€ manquent ainsi à l’appel, au budget de la Métropole.
Avec au final pour conséquence une diminution de 40% de notre épargne brute, qui amoindrit les capacités d’autofinancement et de désendettement de la Métropole.
Alors, comment aborder cette année 2021 et la perspective de ce nouveau mandat ? Permettez-moi ce parallèle : certains groupes politiques voudraient rejouer ici la fable de la cigale et de la fourmi. Ils pensent que les 3,6 Mds d’investissements envisagés pour ce mandat (dont 600M dès 2021), que nos choix de recrutement de nouveaux agents, dès 2021-2022, sont déraisonnables, et que nous nous trouverons bien dépourvus quand la bise sera venue. Ils pensent que nous sommes des cigales insouciantes, qui n’ont pas pris la mesure de la situation, et préfèrent s’endetter pour mener leur politique de transition écologique et solidaire.
Nous voulons ici réaffirmer nos ambitions. Nous sommes fiers de cette PPI qui sera proposée en 6 mois au lieu d’1 an, en faisant preuve de réactivité et de responsabilité vis-à-vis des acteurs économiques du territoire, qui ont tant besoin de visibilité sur nos projets. Nous assumons d’utiliser le levier de la dette pour financer nos politiques de soutien aux acteurs économiques et aux populations les plus en difficulté, pour engager la transition écologique et solidaire de notre territoire. Nous le faisons de manière maîtrisée, alors que les taux sont historiquement bas, et que le FMI lui-même recommande de recourir à la dette. Nous assumons de prendre notre part dans la relance économique, dans un contexte de ralentissement de l’activité. Nous pensons que les projets que nous portons pour la transition sont autant de nouvelles opportunités économiques pour les acteurs du territoire. Nos investissements permettront un soutien direct et rapide, avec 600M de crédits de paiement dès 2021. Nous intervenons ainsi en complément du Plan France Relance de 120 Mds€ et du Plan de l’UE de 750 Mds – pour lesquels nous regrettons cependant le manque de réponses structurelles à l’urgence écologique et sociale.
Avec ce DOB, mais aussi dans le temps long, 3 principes guident notre action :
- celui d’une Métropole garante des biens communs, qui donne aux habitants et aux acteurs locaux les moyens de mener collectivement la transition – par exemple avec la mise en régie publique de l’eau, ou la rénovation énergétique des bâtiments,
- le principe d’une Métropole solidaire et accueillante, qui prend soin des plus vulnérables et donne aux habitants les moyens de subvenir à leurs besoins élémentaires, par exemple par la mise en place d’un Revenu Solidarité Jeunes, par l’accueil des mineurs non accompagnés ou la protection de l’enfance.
- enfin le principe d’une Métropole de dialogue, partenaire des communes, à l’écoute des habitants et des acteurs du territoire : c’est le sens entre autres de notre futur Pacte de cohérence métropolitain, du soutien à l’économie de proximité ou encore de l’association des usagers aux décisions.
Alors, mes chers collègues, regardons autrement la fable de la cigale et de la fourmi. La véritable insouciance, c’est celle de l’austérité, celle qui consiste à ne regarder que ce qui a été perdu et non ce qui doit être préservé, ce qui peut advenir. La véritable insouciance, c’est de ne pas tenir compte du temps long, de l’urgence sociale et du changement climatique. “Que faisiez-vous au temps chaud ?” demande la fourmi à la cigale. Nous faisons d’ailleurs souvent une interprétation bien hâtive de cette fable, en considérant qu’il ne faudrait être que du côté de la fourmi. Mais voulons-nous vraiment être des fourmis qui ferment leur porte à ceux qui ne demandent que “quelques grains pour subsister” ?
C’est pourquoi nous voterons pour cette délibération approuvant le document d’orientation budgétaire, qui porte une vision politique qui répond aux enjeux du temps long tout en tenant compte des défis actuels.
Benjamin Badouard
Co-Président Les Écologistes Grand Lyon Métropole
Conseiller Métropolitain