Monsieur le Président,
Madame la Vice-Présidente Séverine Hémain,
Mes chers collègues,
Nous avons à nous prononcer aujourd’hui sur une mesure de soutien financier en faveur des jeunes de 18 à 24 ans qui sont en situation de précarité. L’expérience que nous pouvons avoir, chacun·e de nous, sur la situation très difficile de ce public est confirmée par les études scientifiques :
- Le taux de pauvreté des jeunes qui ne vivent plus chez leurs parents et qui ne sont pas en couple, a fortement augmenté entre 2002 et 2018 ;
- 1 jeune sur 5 vit sous le seuil de pauvreté !
- Le taux de chômage sur ces tranches d’âge dépassait les 20 % à la fin de l’année 2020.
Il ne s’agit donc pas d’un phénomène restreint, mais bien d’une réalité qui touche un grand nombre de nos concitoyen·nes.
La crise sanitaire et économique que nous traversons n’a malheureusement pas arrangé cette situation. On peut même dire qu’elle touche plus particulièrement ce public qui pouvait notamment trouver du travail dans de multiples secteurs aujourd’hui à l’arrêt.
Nous sommes aujourd’hui dans un contexte particulier qui appelle des solutions nouvelles et exceptionnelles. De nombreuses mesures de soutiens ont été prises par l’Etat qui auraient été jugées impossibles il y a quelques années.
Les collectivités, comme la Métropole de Lyon, peuvent aujourd’hui vouloir s’emparer à leur tour de cette volonté d’aider, autant que faire se peut, nos concitoyen·nes et plus particulièrement ceux qui débutent dans leur vie professionnelle.
De son côté la Ville de Lyon accompagne ces publics par différents moyens. Je citerais les mouvements d’Éducation populaire, l’augmentation du nombre de places pour les jobs d’été, l’aide alimentaire pour les étudiant·es, les projets APIE (Appel à Projets Initiatives Etudiantes) pour lequel nous comptons doubler notre participation cette année. Pour aller plus loin, la Ville de Lyon réfléchit à un dispositif que nous appelons « bouclier social » qui permettrait d’assurer une sorte de minimum permettant aux personnes en précarité de continuer à vivre à leur domicile (accès à l’eau, à l’électricité…). Ce dispositif pourrait aussi bénéficier aux jeunes sans ressources grâce à une automatisation de certains soutiens.
Donnons une chance de plus à ces nouvelles générations, ne les laissons pas partir à la dérive ! Il est de notre devoir de leur tendre la main en proposant un dispositif concret qui s’adresse à tous ces publics en précarité. Il faut oser mes Cher·es collègues, et montrer à ces publics que nous leur faisons confiance. Ces jeunes sont aussi notre avenir.
Donnons-leur les moyens de passer un cap difficile, de faire vivre leurs rêves, de ne pas renoncer, d’aller de l’avant.
La jeunesse, c’est aussi l’initiative. Cette puissance d’innovation doit être préservée comme une dimension infiniment précieuse.
Je n’ignore pas qu’il existe déjà un certain nombre de dispositions, mais à l’évidence elles ne remplissent pas suffisamment leurs objectifs. Apparemment une réflexion est en cours à l’échelon national sur l’élargissement de la garantie jeunes, cependant la cible des bénéficiaires demeure bien trop restreinte pour toucher massivement son public.
Nous nous devions d’être à l’écoute de ce malaise social.
Dès l’été 2020, soucieux des conditions de vie de notre jeunesse et profondément convaincus qu’elle méritait une attention toute particulière, nous avions donc, par la voix du Président de la Métropole, demandé au Gouvernement la possibilité d’expérimenter sur notre territoire le RSA Jeunes.
Cela n’a pas été possible, je ne reviens pas sur cet épisode.
C’est la raison pour laquelle il fallait prendre nos responsabilités et décider une mesure forte pour répondre à la situation inédite dans laquelle se trouve une partie des nouvelles générations.
Aussi, nous sommes fiers de proposer aujourd’hui la création et l’expérimentation d’un Revenu de Solidarité Jeunes. Cet engagement de campagne est tenu en seulement 9 mois et montre notre détermination à prendre en compte les enjeux sociaux.
De cette mesure, je retiens les points suivants :
- Le RSJ se traduira par une aide financière de 300 à 400 euros mensuels pour les 18-24 ans, sous conditions, et qui servira de filet de sécurité contre la grande précarité des jeunes en rupture de parcours ;
- Le RSJ sera un dispositif d’accompagnement adapté à chaque jeune pour maximiser le retour vers le droit commun et l’insertion socio-professionnelle, par une amplification des dispositifs existants ;
- Le rôle des associations qui accompagnent les jeunes dans leur insertion sera déterminant pour instruire les dossiers, en particulier pour tout ce qui touche aux conditions d’éligibilité ;
- L’aide sera limitée dans le temps ;
- Le RSJ mobilisera dès cette année 10 millions d’euros, pour 2000 jeunes environ ;
- Le RSJ est une expérimentation unique en France. Il est le résultat d’une concertation avec les acteur·rices de la jeunesse. En tant qu’expérimentation, il sera évalué et ajusté.
C’est donc avec une grande fierté que le groupe Les Écologistes votera aujourd’hui l’objet de cette délibération.
Je tiens à saluer le travail accompli par la Madame la Vice-Présidente Séverine Hémain et les services qui l’ont accompagnée.
Merci de votre attention
Grégory Doucet
Maire de Lyon
Conseiller Métropolitain