
Par cette délibération, nous vous invitons aujourd’hui à battre monnaie, comme l’ont fait nos prédécesseurs dans différentes villes depuis l’antiquité. Les monnaies locales émergent surtout à partir de 1929 comme un remède face aux crises économiques. On compte aujourd’hui 82 monnaies locales complémentaires citoyennes en France, la plupart inventées après la crise financière de 2008. Ce krach a failli ravager l’économie mondiale, parce qu’il y a eu des opérations financières à haut risque et des bulles spéculatives avec des monnaies souveraines. En explosant, ces bulles ont eu des effets collatéraux dévastateurs pour ceux qui ne disposaient d’aucun matelas amortisseur.
La Gonette s’échange à parité fixe avec la monnaie nationale, elle permet de (re)territorialiser et de (re)dynamiser les échanges de biens et services locaux. Le réseau fonctionne en effet avec 340 partenaires agréés par l’association émettrice représentant 8 secteurs d’activités (commerce de détail, fourniture d’énergie, etc.). Utiliser la Gonette c’est donc avoir la garantie de soutenir les petits commerces, les services de proximité, les artisans, donc l’emploi local. Lorsque vous payez votre boulanger en euros, ce dernier rémunère quelqu’un à son tour, qui dépose ces euros en banque ou qui les dépense dans une structure qui nourrira possiblement la sphère spéculative. La Gonette transite toujours par des billets imprimés ou par un porte-monnaie électronique. Elle fonctionne en circuit court à l’échelle du territoire, jouant ainsi un rôle d’intermédiaire dans la consommation. L’argent revient à sa fonction première : un simple moyen d’échange.
Soutenir la Gonette, c’est s’assurer aussi de pouvoir préserver l’environnement, les circuits courts économiques étant par nature beaucoup moins polluants. C’est aussi une invitation à avoir une consommation plus responsable.
Enfin, s’engager en faveur de ce dispositif, c’est se donner les moyens de gérer démocratiquement un bien commun, la monnaie, par une communauté d’acteurs locaux qui souhaitent redonner du sens aux transactions marchandes sur leur territoire. Une monnaie citoyenne est aussi là pour remettre tout un chacun au cœur des questions économiques et financières.
Après une première vague de commerçants, d’artisans et d’indépendants, c’est au tour des collectivités locales de s’en emparer. En offrant la possibilité de verser tout ou partie des indemnités d’élus en Gonettes, l’adhésion de la Métropole de Lyon succède à celle de la ville de Villeurbanne.
Plusieurs formations politiques ont signé la charte plaidoyer de la Gonette avant les élections municipales et métropolitaines. En tant que signataires majoritaires de cette charte, les écologistes respectent aujourd’hui leur engagement de campagne.
À tous ceux qui seraient tentés de penser que cette initiative a un impact trop faible pour être plébiscitée ici – trop peu de partenaires, d’utilisateurs -, nous répondons que l’un des enjeux de cette délibération est précisément de soutenir le développement de la Gonette et donc de renforcer ses effets économiques et écologiques vertueux. Et de démultiplier les 267 000 unités monétaires actuellement en circulation.
Quand on dépense des miles des compagnies aériennes, quand on déjeune avec des tickets restaurants ou quand on possède un compte épargne temps, on utilise des monnaies complémentaires pour échanger des produits, des compétences ou du temps, sans passer par les monnaies traditionnelles. Comme n’importe quel autre moyen de paiement, la Gonette ne prétend pas concurrence ou se soustraire à l’euro. A l’inverse, elle s’additionne. La loi du 31 Juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire a d’ailleurs défini le cadre juridique des titres de monnaie locale complémentaire en complétant le code monétaire et financier.
En adhérant à la Gonette pour 12 000 euros – une somme dérisoire pour notre institution – vous avez désormais la possibilité, en tant qu’élus, de devenir les nouveaux monnayeurs du XXIème siècle à l’échelle du Grand Lyon.
Claire Brossaud
Conseillère métropolitaine