
Cher Président, cher·es collègues,
Cette délibération intervient dans une contexte particulier, à plusieurs titres et je rassure monsieur Chambon, son objet n’est pas le végétalisme pour tous. La crise sanitaire et les confinements successifs ont modifié les pratiques et les attentes de nos concitoyen·es en matière d’alimentation locale, en remettant au cœur des débats les questions de résilience alimentaire. Comme l’indique la délibération elle-même, et comme il a été dit dans la présentation, dans un rayon de 50km, notre autonomie alimentaire est aujourd’hui de 4,6%, alors même que 95% de notre production est exportée – un véritable non sens. Nous avons toutes et tous été marqué·es par l’épisode de gel que les agriculteurs et agricultrices ont connu, en mars-avril dernier, qui a considérablement endommagé les cultures, comme par exemple à Irigny, où je me suis rendu en visite chez des arboriculteur·ices, avec notre Vice-Président Jérémy Camus – mais nous y reviendrons avec la délibération suivante. Les négociations actuelles sur la Politique Agricole Commune mobilisent fortement la profession qui témoigne de ses inquiétudes. Enfin, l’été particulièrement sec qui s’annonce a déjà des conséquences pour les cultures, les pluies du mois de mai n’ayant pas suffi à faire remonter le niveau des nappes phréatiques. Dans de nombreuses régions, les pompiers sont d’ores et déjà mobilisés contre les feux de récolte. L’ensemble de ces événements nous redisent à la fois l’importance et la fragilité du monde agricole aujourd’hui.
Si l’agriculture est au cœur du défi de la transition écologique et solidaire, ce n’est pas uniquement pour des raisons purement environnementales. Elle nous relie certes au reste du vivant, elle nous pose plus largement des questions fondamentales, économiques, sociales, sanitaires, territoriales, des questions de société. Nous pensons que notre Métropole a pleinement son rôle à jouer en matière de transition écologique et alimentaire, pour garantir une alimentation locale et de qualité, lutter contre la précarité alimentaire, préserver et développer les activités agricoles dans et à proximité de la ville, apporter un soutien, des perspectives et une rémunération juste à la profession agricole. Nous devons absolument la soutenir pour faire face aux défis collectifs de l’urgence écologique, du changement climatique et de la résilience alimentaire. Notre territoire est riche d’une histoire et d’un patrimoine agricole encore bien présent dans nombre de territoires, je pense par exemple aux variétés de prunier Reine Claude d’Oullins ou au pêcher Guilloux de Saint-Genis-Laval.
C’est pourquoi nous sommes heureux aujourd’hui de prendre part au vote de cette délibération permettant de doter notre collectivité d’une stratégie agricole ambitieuse. La mise en place de cette stratégie est inédite pour notre Métropole : c’est la première fois qu’elle se dote d’une telle stratégie d’ensemble. Notre volonté politique en la matière se traduit également dans nos choix budgétaires : la PPI de la Métropole consacrera 12 millions d’euros à cette politique, contre 3,2 millions au mandat précédent. Ces dernières années des actions ont déjà pu être engagées, en matière de foncier, pour l’accompagnement des exploitations et le soutien à l’agroécologie, mais avec cette délibération, nous changeons radicalement d’échelle, en engageant de nouvelles actions stratégiques, en faveur notamment du développement de la profession agricole, de l’agriculture biologique et de l’accès à la ressource en eau.
Cette stratégie agricole vise d’abord à conforter les fondements de notre agriculture locale – les terres et les personnes -, avant d’agir en faveur d’un nouveau modèle agricole et alimentaire.
Le foncier est l’enjeu premier pour notre politique agricole : nous devons préserver les terres, face notamment à l’étalement urbain, et faciliter l’implantation des agriculteurs et agricultrices. Pour cela, et comme cela a été indiqué précédemment, nous mobiliserons différents outils de maîtrise foncière et de planification urbaine. Nous valoriserons les opportunités pour les agriculteurs en matière de foncier et d’habitat.
Les agriculteurs et agricultrices constituent l’autre enjeu clé : nous souhaitons augmenter la population agricole via notamment la mise à disposition d’espaces test agricoles, sur du foncier métropolitain, une communication renforcée sur ces métiers, la mise en place d’une régie agricole métropolitaine pour les cantines, un soutien technique et financier à l’installation en coopérative.
Pour accompagner la transformation de notre modèle agricole, nous souhaitons soutenir les agriculteurs et agricultrices engagé·es dans des pratiques plus respectueuses de l’environnement, par le soutien aux conversions en bio, la promotion des énergies renouvelables, la mutualisation des moyens, machines et formations. Nous souhaitons aussi favoriser les pratiques agricoles permettant une meilleure préservation de la ressource en eau. Nous souhaitons enfin favoriser une agriculture nourricière et les circuits de proximité, en re-territorialisant les outils de transformation et de logistique agricole, ce qui permettra de créer de nouveaux emplois pour le territoire, mais aussi de diversifier les activités existantes, en les rendant plus rémunératrices. Nous activerons le levier de la commande publique métropolitaine, nous soutiendrons les jardins familiaux nourriciers et accompagnerons les consommateurs et consommatrices dans la transition alimentaire.
Bien sûr, la réussite de cette politique agricole dépend aussi de la mobilisation des acteurs et associations du territoire, déjà fortement engagées, et qui permettront de prolonger l’action de la Métropole. Nous les remercions pour leur action, souvent bénévole, au service de la transition alimentaire.
Cette stratégie agricole est une belle illustration de la politique de transition écologique et solidaire que nous souhaitons mener au cours de ce mandat : une politique qui préserve l’environnement, la biodiversité et la ressource en eau ; une politique de solidarité, au service des territoires, favorisant les échanges locaux et la juste rémunération des personnes ; une politique de transformation de notre économie, pour produire et consommer autrement, créer des emplois essentiels pour notre territoire.
Nous voterons pour cette délibération.
Eric PEREZ,
Conseiller métropolitain.