Monsieur le Président, chers collègues,
Il y a quelques jours, l’OMS annonçait avoir terminé son nouveau tour d’horizon de la recherche scientifique sur les impacts de la pollution de l’air sur la santé humaine. Le bilan est accablant, le rapport présenté prochainement lors de la COP26 divisera parfois par deux ou plus les seuils recommandés pour les principaux polluants, par exemple les dioxydes d’azote ou les particules fines. C’est un sujet mondial, mais aussi lyonnais et la rive droite du Rhône ne fait pas exception.
Permettez-moi un instant d’immersion : Les quais de la rive droite du RhĂ´ne, autoroute urbaine cherchant son Ă©gal en plein cĹ“ur de centre-ville, est aujourd’hui un No man’s land oĂą les humains n’y ont leur place qu’à l’intĂ©rieur de quelques cars et de voitures, par ailleurs plus polluĂ©s qu’à l’air libre. DĂ©bouchant sur les quais, espĂ©rant retrouver l’air pur et Ă©ventĂ© d’une vallĂ©e fluviale, l’humain s’effraie. Il se retrouve aux bords d’un gouffre de 8 voies dĂ©diĂ©es aux voitures, au beau milieu d’un air irrespirable et d’un bruit assourdissant, en plein cĹ“ur de trottoirs et d’Ă®lots centraux minĂ©raux et rayonnant la chaleur. Si tant est que l’humain arrive au plus proche de l’eau, que de dĂ©ception face Ă cette perte de lien avec le fleuve.
Y compris les arbres disent STOP ! Coincés dans leurs berceaux, ils essayent tant bien que mal de soulever tout ce bitume avec leurs racines. Il est temps d’agir, il est temps de construire la rive droite du 21ème siècle, la rive droite des piétons, la rive droite mariée au Rhône, la rive droite végétalisée, la rive droite paysagère, agréable et verte!
Il est temps de reconquérir nos quais, de mettre en valeur notre patrimoine, de créer un lien vivant entre végétal, fluvial et humain. A partir du 8 novembre et pour presque deux mois, la parole est aux grand lyonnaises et aux grand lyonnais. Qu’ils s’expriment, qu’ils nous partagent leurs rêves, qu’ils s’imaginent architectes et paysagistes !
Comme sur de multiples projets d’espaces publics dĂ©sormais, la concertation Ă©volue. Certains considèrent que le cadre de concertation proposĂ© est flou, sans lignes claires pour le projet. Pourtant, les ambitions de la majoritĂ© sont posĂ©es, et l’objectif est bien d’écouter les habitants. C’est, prĂ©cisĂ©ment, parce que c’est une vraie concertation prĂ©alable.
Ce projet de requalification, qui sera important pour notre mandat, devra s’inscrire dans l’histoire de la ville, en rĂ©pondant aux enjeux fondamentaux pour demain. Il s’inscrit dans une politique Ă©cologique large, qui vise Ă faire face aux enjeux du dĂ©règlement climatique tout en nouant de nouvelles relations avec le vivant. Mais sans attendre cette requalification, qui prendra du temps, la Ville et la MĂ©tropole travaillent ensemble pour retrouver un lien entre les Lyonnaises et les Lyonnais et leur fleuve. Concrètement, avec les Voies Navigables de France, par exemple, pour doter Lyon d’ici quelques mois d’une logistique urbaine fluviale efficace, pour rĂ©duire la pollution de l’air, la circulation routière et les Ă©missions de gaz Ă effet de serre.
Ce lien se fait aussi par l’organisation prochaine de la fête de l’eau et par une mobilisation conjointe pour répondre à l’appel du Rhône, pour doter notre fleuve d’une personnalité juridique pour que la « sauvegarde de l’habitabilité de la Terre » passe aussi par un nouveau cadre juridique où les paysages plaident pour eux-mêmes.
La place de la voiture sera rĂ©duite, c’est la transition des mobilitĂ©s nĂ©cessaire au vu du contexte climatique et sanitaire. C’est pour cela que nous proposons des nouvelles offres de mobilitĂ©s pour les habitants, dans les prochaines annĂ©es, en investissant 2,5 milliards pour les transports en commun, 100 M€ pour les Voies Lyonnaises, et des dizaines de millions pour les piĂ©tons, le covoiturage, l’autopartage et toutes les alternatives Ă la voiture thermique individuelle.
GĂ©rard Collomb, inspirĂ© par un Ă©cologiste, Gilles Buna, a transformĂ© les berges du RhĂ´ne et de la SaĂ´ne. En 2021, ayons ensemble l’ambition de transformer la ville, pour l’adapter aux enjeux nouveaux et pour les habitantes et habitants d’aujourd’hui et des dĂ©cennies Ă venir vivent mieux dans notre mĂ©tropole.
Pour alimenter nos réflexions à venir, je clos mon propos avec celui de Gilles Buna, qui concernait la rive gauche, mais qui peuvent nous inspirer pour la rive droite : « Il faut créer dans le lit majeur du fleuve un lieu à la fois urbain, naturel et social, relié aux quartiers traversés ».
Je vous remercie !
Valentin Lungenstrass
Conseiller métropolitain