
Mes cher·e·s collègues,
Lorsque nous sommes arrivé·es à la tête de la Métropole, nous nous sommes attelé·es au travail en lançant, en un an, énormément de chantiers comme Les Voies Lyonnaises, le Plan Nature, La régie publique de l’eau, le Revenu de Solidarité Jeune, l’encadrement des loyers, le bail réel solidaire, la gratuité TCL pour les plus démunis ou les déplacements scolaires, le Règlement Local de La Publicité, le Schéma de promotion des achats responsables ou encore les composteurs collectifs.
Lorsque nous avons lancé tous ces chantiers, portés par l’énergie de l’urgence écologique et sociale, nous avons choisi de prouver par nos actes, que mettons en place ce pourquoi nous avons été élu·es.
Force est de constater que prendre des décisions fortes autour des enjeux de transition écologique et de rééquilibrage territorial, entraîne des mécanismes de résistance de l’ancien système. Mais ce qui relève d’une opposition démocratique a tendance, en période électorale, à devenir pure tactique politicienne.
Car il y a une différence entre s’opposer, défendre un autre point de vue ou des intérêts divergents et rechercher le conflit partout en essayant systématiquement d’attiser les divisions, à grands renforts d’effets de manche.
C’est le cas, quand par exemple, M. Cochet, vous remettez en question la décision d’une maire d’arrondissement qui souhaite réduire le trafic routier de la montée Saint-Sébastien, pour protéger les piétons, les familles en poussettes, qui étaient contraints de descendre dangereusement sur la chaussée. Vous n’avez pas simplement exprimé un désaccord, vous avez menacé d’un recours en référé, et ce, au motif que, selon vous, je cite “cela entraverait la liberté de circulation garantie par l’article 13 de la liberté des Droits de l’homme”… Je pense que c’est plutôt vous, qui allez surtout entraver la circulation des dossiers du tribunal administratif !
Alors effectivement non seulement nous n’avons pas les mêmes priorités mais comme vous en faites un lieu de promenade électoraliste pour votre candidate en campagne pour les législatives, vous n’offrez plus beaucoup de doutes quant à l’intention réelle de votre démarche.
Vous cherchez à opposer des catégories et c’est un peu trop récurrent à droite : cyclistes contre voiture / ruraux contre urbains / communes contre métropole /…dans une vision binaire et passéiste qui pense que nous serions dans les mêmes castes toute sa vie durant ou que, quand on agit pour l’un, c’est forcément contre l’autre.
Mais je ne vais pas revenir sur tout, le conseil n’y suffirait pas. non je préfère vous livrer les réflexions que cela m’inspirent.
Je me demandais en venant ici : finalement le débat démocratique dans une assemblée est-il …réellement… possible ?
Je pense que vous serez d’accord avec moi sur le fait que : le débat démocratique a besoin de nuances, d’écoute, de dialogues alors que la communication – et en particulier quand on est dans la position de l’opposition – a besoin de clash, d’affrontements et de coups d’éclat. On peut considérer cela comme une équation insoluble ou le prendre comme une donnée de référence, une variable, une condition.
En réalité, je me rends compte que ce n’est pas ça le problème… il y a un obstacle bien plus grand… un obstacle contre lequel nous nous sentons désarmés, un poison qui sévit en politique, et dans tous les partis, qui s’insère insidieusement, doucement, petit à petit, au fur et à mesure des années de mandat et de l’expertise des rouages politiques et ce poison… c’est le cynisme…
Le cynique en politique s’arrange un peu avec la vérité, il dose savamment désinformation, manipulation et mauvaise foi. Le cynique ne se bat plus pour l’intérêt général mais pour lui-même, il ne négocie plus pour obtenir une réalisation mais pour asseoir son influence. Il a oublié le fond pour céder à la forme.
Alors M. Kimelfeld, lorsque vous pensez nous faire injure en nous traitant d’élu·e militant·e, vous nous faites honneur. Le militant n’est pas cynique, il ne peut pas l’être. Être élu·e militant·e, cela signifie assumer ses convictions, placer la réalisation collective avant sa réalisation personnelle, c’est avoir pour horizon les générations futures et pas la fin de son mandat. C’est garder sa boussole, la transition écologique. C’est bien sûr, et il le faut, savoir se remettre en question, apprendre aussi, personne n’est parfait. Mais c’est une lueur dans la tempête, un mât auquel se raccrocher.
Alors oui nous sommes fier·es que nos élu·es soient toujours des militant·es dans l’âme, parce que, c’est quand nos élu·es auront cessé de l’être, que nous serons mort·es, parce que, c’est quand nos élu·es auront lâché leurs combats, que nous serons mort·es.
Alors, oui, mes cher·es collègues, gardons notre âme de militant·e !
Vinciane BRUNEL-VIEIRA
Coprésidente du groupe Les Ecologistes Grand Lyon
Conseillère métropolitaine