Projet de la ViaRhôna : avis de la Métropole sur la mise en compatibilité du PLU-H 🍃 : Intervention de Jérôme BUB – Conseil métropolitain du 25 janvier 2022

Mesdames, Messieurs, cher·es collègues,

À quoi reconnaît-on un ou une élu·e écologiste ? À son casque de vélo sous le bras bien-sûr… Les écolos sont de fervents défenseurs du vélo, depuis toujours. Et nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux, parmi les élu·es, et pas seulement chez les écologistes, heureusement, mais aussi parmi la population à nous déplacer à vélo, y compris sur des distances à plus de 2 chiffres en kilomètres. C’est mon cas, j’habite à Grigny, je viens sur Lyon ou Villeurbanne le plus souvent à vélo.

Alors croyez-moi quand je vous dis que nous sommes nombreux à attendre une piste cyclable sécurisée et digne de ce nom entre Givors et Lyon.

En 2018, quand la décision fut prise de prévoir la ViaRhôna en rive droite du Rhône, nous avons tout de suite vu le problème qui se résume simplement : quels seront les impacts d’une bétonisation de la forêt alluviale, protégée par un arrêté préfectoral de protection de biotope ? Et pourtant le développement de voies vélo est indispensable ici. Pour un écologiste c’est un sujet cornélien. Mais c’est aussi à cela qu’on nous reconnaît : ne pas se laisser aller à la facilité et pouvoir peser tous les enjeux d’un même projet.

Bien-sûr M. Cochet, le long du Rhône entre Pierre-Bénite et Givors il y a des pistes déjà empruntées par des cyclistes, des VTT surtout… Le tracé prévu comporte des voies autorisées aux véhicules et donc leur adaptation à une vélo-route ne pose pas trop de problème. Mais à certains endroits ce n’est plus le cas. Notamment à Irigny, à Vernaison et Grigny, nous nous retrouvons dans les lônes. Nous nous retrouvons dans un lieu qui n’existe plus ailleurs. C’est un voyage dans le passé que nous faisons, pour nous retrouver au temps d’avant le barrage, au temps des Pirates du Rhône de Bernard Clavel comme le disait Joëlle Séchaud. Dans une nature sauvage et préservée. Surtout dans une nature sauvegardée in extremis d’aménagements et de projets d’aménagement plus ou moins destructeurs : décharge, ball-trap, golf, parc de loisir et j’en passe.

Quand les communes riveraines des îles de la Table Ronde et de la Chèvre ont choisi de créer le SMIRIL – Syndicat Mixte du Rhône, des Îles et des Lônes, que j’ai l’honneur de présider aujourd’hui – c’était bien pour sauvegarder et préserver cette nature sauvage.

Attention, préserver et sauvegarder ne signifie pas « mettre sous cloche ». En témoigne les nombreuses animations organisées par le SMIRIL et surtout l’accueil du public scolaire qui en fait l’espace naturel pédagogique le plus visité d’Auvergne Rhône-Alpes.

Mais la rive droite est étroite, entre le fleuve et la voie ferrée ! De plus de nombreux chemins vont être supprimés ces prochaines années par la CNR pour remettre en eaux des lônes ensablées. Sur plusieurs kilomètres il n’y aura plus la place de mettre un chemin piéton et la ViaRhôna. D’autant plus si elle sert aussi de Voie Lyonnaise pour les vélotaffeurs. La cohabitation entre vélos, scolaires et promeneurs n’est pas souhaitable sur une seule et même voie.

Il y avait des solutions alternatives qui doivent être ré-étudiées, car là où il y a une volonté, il y aura une ViaRhôna. C’est notre souhait. Nous ne sommes pas contre la ViaRhôna, bien au contraire : nous l’attendons pour les déplacements quotidiens mais aussi, et cela dépasse largement notre territoire, car elle résonne avec notre ambition de tourisme durable. Seulement la préservation de la biodiversité ne peut pas être une variable d’ajustement. Nous aurions eu bien besoin d’études environnementales complètes qui n’ont pas été menées à terme par la Région. Ce seul manque suffirait à justifier notre avis défavorable aujourd’hui.

Mais si ce tronçon ne s’est jamais fait depuis des décennies, ce n’est pas un hasard : c’est bien que ce n’est pas aussi simple. Le tracé prévu traverse des zones inondées systématiquement chaque année et le coût d’entretien qui sera dévolu à la Métropole n’est pas estimé. Les manques relevés par les commissaires de l’enquête publique, que ce soit l’absence d’études d’impacts de la phase chantier ou de la fréquentation, sur les coûts d’entretien ou même sur le choix des revêtements de la voie, qui ne sont pas encore arrêtés, les conduisent à donner un avis défavorable. Comment pourrions-nous passer outre et rendre un avis contradictoire ?

Je voudrais conclure en redisant que la précipitation ou le manque de sérieux de la Région, pointé par la commission d’enquête publique, va nous faire perdre quelques années, nous le déplorons. Mais c’est un autre des traits de caractère des élu·es écologistes : nous sommes des élus responsables. Et bien que pro-vélo, nous ne pouvons pas sacrifier un espace naturel sensible si riche et si fragile.

Le groupe écologiste votera pour cette délibération.

Je vous remercie.


Jérôme BUB
Conseiller métropolitain

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