
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs, cher·es collègues,
Je n’avais pas entendu le mot « sage-femme » utilisé aussi souvent depuis bien longtemps. Lorsque j’ai commencé mes études de sage-femme, cette profession était fermée, interdite aux hommes. C’était une profession de femmes aux services d’autres femmes, « un beau métier » me disait-on.
“Une vocation ?”, me demandait-on. C’est très pratique une vocation, bien souvent cela permet au mieux le sous paiement, au pire, une forme de bénévolat en ne payant pas ou mal les heures supplémentaires.
Et, vous l’aurez remarqué, c’est souvent dans le domaine du « care » que l’on parle de vocations. Et comme vous le savez, les professions du « care » sont très féminisées.
Concernant les sages-femmes, l’Europe a rappelé la France à l’ordre, et les hommes ont donc pu accéder à ce beau métier. Pas beaucoup au début, ils furent 3 la première année, et aujourd’hui ils ne représentent que 4,5% de cette profession médicale toujours très féminine, toujours peu valorisée financièrement, mais nécessitant 5 ans d’études, de plus en plus exigeantes d’ailleurs.
Sage-femme signifie : celle ou celui qui connait les femmes. Il est toujours amusant et révélateur de rappeler que l’Académie Française, par la bouche d’Alain Peyrefitte, a très vite décidé de nommer les hommes sages-femmes des… maïeuticiens. Car appeler un homme sage-femme c’était décidément impossible alors qu’appeler une femme Prud’homme ne semblait pas vraiment poser de problème.
C’était il y a déjà quelques années, mais qu’est ce qui a changé au niveau de l’égalité salariale ? La France n’est pas encore vraiment le pays des droits de la femme. Il y a deux ans, nous avons applaudi tous les soirs à 20h, avec sincérité et gratitude nos soignant·es, tous nos soignant·es, mais il n’y a pas eu pour autant de grande revalorisation financière, malgré le Ségur, qu’il a fallu négocier parfois à coup de grève et de manifestations.
Toujours ces emplois si féminins… Toujours ces vocations à être mal payées. Et maintenant ? Où en sommes-nous ?
Les agent·es de la filière technique, à 80% masculine, sont toujours mieux payés et avancent toujours plus rapidement dans leur grade, par un système de promotion plus avantageux, que ceux de la filière médico-sociale, à 92% féminine !
Et de qui parle-t-on ici ? On parle de cadres de santé, d’infirmières, de psychologues, de puéricultrices, de sages-femmes, d’auxiliaires de puériculture ou des moniteurs-éducateurs.
L’inégalité salariale est criante : une agente de la filière médico-sociale, catégorie A, touche ainsi en moyenne 1417€ net de moins par mois qu’un agent de la même catégorie en filière technique.

Et voilà où nous en sommes en 2022, 2022… et les femmes sont encore moins payées que les hommes, à compétence et formations équivalentes.
Alors, au lendemain du 8 mars, je suis fière et je salue cette initiative de la Métropole, pour une rémunération plus juste des agent·es de la filière médico-sociale. C’est là une déclinaison très concrète du plan égalité femmes-hommes, pour que la Métropole s’affirme comme un employeur exemplaire. Cette mesure permettra enfin, en sortant des stéréotypes de genre, de réparer cette injustice.
Cela pourra nous l’espérons, aider à rendre ces filières du « care », indispensables on l’a vu au fonctionnement de notre société, à nouveau attractives. Puissions-nous être précurseurs.
Je vous remercie.
Marie-Agnès CABOT
Conseillère métropolitaine