
Monsieur le président, mes cher·es collègues,
10 mois après son lancement, nous nous retrouvons à nouveau à propos du Revenu Solidarité Jeune. Il convient de saluer d’abord la mise en place de ce dispositif ainsi que le travail fourni par l’ensemble des services et professionnels impliqués dans sa mise en place. Dans une période qui est remplie d’incertitudes, qui touche particulièrement les jeunes précaires, ce RSJ a su prouver sa pertinence auprès des jeunes suivis. Depuis sa mise en place en mai 2021, près de 780 jeunes entre 18 et 24 ans ont pu bénéficier d’un suivi auprès des structures partenaires ce qui s’est traduit par une aide mensuelle jusqu’à 400 euros et surtout d’un accompagnement dans leur parcours d’insertion et je pense que le mot accompagnement est important ici. À travers cet accompagnement, c’est un véritable filet de sécurité qui est déployé pour ces personnes qui ne pouvaient pas prétendre aux autres dispositifs existants.
Une des clés de cette réussite découle de l’implication des missions locales, des associations et de leurs équipes au sein du RSJ, qui ont su aller à la rencontre des jeunes habituellement invisibilisés des parcours d’insertion existants. Et c’est bien cette invisibilisation qu’il nous faut combattre ici. Certains se sont inquiétés des limites de la méthode “d’aller vers” employée au sein du RSJ, en se basant sur le nombre de dossiers instruits.
L’aller vers est pourtant une condition essentielle du succès RSJ, et c’est justement l’objet de cette délibération : permettre à 16 structures compétentes de poursuivre leurs missions auprès des jeunes pour l’année à suivre, en opérant sur l’ensemble du territoire métropolitain. Mais il nous semble difficile de pouvoir juger le succès du RSJ selon une “politique du chiffre” simplement, à moins d’un an de sa mise en place. Rappelons qu’aujourd’hui 36% des bénéficiaires du RSJ sont sans diplôme, 71% ni en emploi ni en cours de formation, et tous connaissent des difficultés de logement : sans domicile, en foyer d’hébergement d’urgence ou hébergés par leur famille ou un tiers. Atteindre ces jeunes et gagner leur confiance s’inscrit dans le temps. De plus, Le RSJ se voulant interstitiel, il ne vient pas concurrencer les autres dispositifs existants, mais intervenir quand aucune solution n’est adaptée à la situation de la personne concernée, je le dis et le répète.
D’autres ont été plus critiques sur l’encadrement et le suivi des jeunes faisant partie du dispositif, demandant moins de contreparties que d’autres dispositifs. C’est au contraire ce qui fait la force de ce RSJ: être suffisamment flexible, avec des critères d’instruction souples et un suivi continu et adapté au parcours des jeunes, pour atteindre ces derniers et leur offrir un cadre adapté à leur situation. Et cela sans jugement, bien au contraire car l’esprit de solidarité veut qu’on ne peut exiger qui un engagement qui ne prendrait aucunement compte de la réalité de ces jeunes.
Devant des parcours de vie aussi difficile, il est nécessaire de faire preuve avant tout d’humanité et d’empathie, et à ne pas venir nourrir le stigmate autour de l’assistanat, déjà trop répandu autour des autres systèmes d’aide existants, et qui conduit chaque année des personnes éligibles aux aides à ne pas oser en bénéficier. Des enquêtes autour du RSA notamment ont montré que près de la moitié des personnes ne recourent pas à ces aides, une partie d’entre elles en raison de la peur du jugement porté sur les allocataires.
Qui n’a pas bénéficié, au cours de sa vie, de cette solidarité qui fait la force de notre système social: qu’il s’agisse des APL, du RSA ou d’une indemnité due à une période de chômage? Pourquoi, alors que nous savons pertinemment que le contexte actuel de précarité économique atteint particulièrement notre jeunesse, devrions-nous refuser à ces jeunes-ci notre soutien et notre confiance? Un contexte économique difficile ne devrait pas freiner, mais au contraire renforcer notre motivation. Nous choisissons donc de soutenir le RSJ et de voter favorablement cette délibération, pour continuer de soutenir les efforts fournis par les missions locales et par les associations mobilisées, et pour préserver ces valeurs de solidarité et notre confiance que l’on peut et que l’on doit accorder en notre jeunesse.
Je vous remercie
Floyd NOVAK
Conseiller métropolitain