Apaisement Presqu’île 🚶 Ouverture de la concertation – Intervention de Yasmine Bouagga

Cher·es collègues,

La Presqu’île a une histoire. Cœur battant de la Ville de Lyon, elle a été façonnée par l’urbanisation progressive du confluent du Rhône et de la Saône, repoussé des Terreaux au sud d’Ainay, puis à l’actuelle Confluence. Une urbanisation commerçante, industrieuse, nourrie des circulations fluviales et des aménagements contre les crues qui fractionnaient la cité en de multiples îlots. De prestigieux édifices ont fait de la Presqu’île le joyau patrimonial de la Ville: le Palais Saint Pierre, l’Hôtel-Dieu, la basilique d’Ainay… Des places : Bellecour, Carnot, les Terreaux… Des avenues ont relié ces places. Un réseau de transport a accéléré au 20e siècle ces circulations. Aujourd’hui, près d’un habitant sur deux, à l’échelle de la Métropole, y vient au moins une fois par mois : pour travailler, faire des achats, se retrouver en famille ou entre amis, profiter de l’offre culturelle et de services. 

Cette attractivité n’est pas allée sans difficultés : un espace public mal réparti, négligeant les circulations à pied (pourtant majoritaires) au bénéfice de véhicules qui génèrent nuisances et sentiments d’insécurité ; des augmentations vertigineuses des prix de l’immobilier au détriment des familles et des commerces indépendants ; des aménagements concentrant la chaleur, comme si l’on était en zone aride alors que nous nous trouvons entre deux fleuves. 

C’est donc pour projeter la Presqu’île dans le 21e siècle que nous lançons ce projet d’“Apaisement” : c’est celui, cohérent et désirable, d’une Presqu’île du temps de vivre (pause). Un centre vibrant, dynamique, adapté aux enjeux du climat et des mobilités, habitable et accueillant pour toutes et tous. 

 Cette opération d’ampleur s’étend de la place Carnot au boulevard de la Croix-Rousse, englobant trois secteurs de physionomies différentes mais interdépendants, et partageant ces mêmes enjeux d’être à la fois des territoires d’hypercentre, et des villages. 

 Alors que les opérations menées sous les précédents mandats ont aggravé la muséification de la Presqu’île, cédant des pans entiers à des fonds d’investissement étrangers, détournant le patrimoine à de grandes enseignes standardisées, figeant ses rues dans des pavages minéraux coûteux et inadaptés aux enjeux climatiques, ce que nous voulons, par cette opération, c’est que les Lyonnaises et les Lyonnais se réapproprient véritablement l’avenir de leur ville. 

Comment ? 

Par un cap clair: supprimer les circulations automobiles de transit pour ne conserver que les dessertes nécessaires aux riverains, commerces et services publics. Davantage d’espace sera disponible, alors, pour inventer ensemble de nouvelles manières de vivre la ville. Qu’elle ne soit plus réduite à une circulation de flux et de consommations, mais qu’elle soit un lieu de vie au logement abordable, et un lieu de promenade et de pause, d’espaces non marchands, de jeux pour enfants, d’art dans la rue. Que la Presqu’île ne soit pas une vitrine, mais une agora.

Pour ouvrir ces possibles, il faut faire plutôt que dire. Il faut des expérimentations d’usages. Des piétonisations temporaires, des tests in situ : nous l’avons fait rue des Capucins, pour lutter contre les rodéos urbains ;  place Chardonnet, une résidence citoyenne s’est réapproprié, pendant l’été, l’espace libéré du stationnement, alors rendu à une vraie vie de quartier et mettant en valeur le site patrimonial UNESCO auquel il appartient. 

 Ce sont des “démonstrateurs” qui permettent de dépasser les appréhensions quant aux changements d’habitude, et mieux écouter les parties prenantes sur leurs expertises du quotidien ; de repérer ce qui fonctionne ou non grâce à des aménagements légers, avant d’engager de coûteuses transformations : c’est la logique des « gains rapides ». 

 J’étais invitée mardi dernier dans une classe de 6e qui, à l’issue d’un diagnostic de terrain avec leur professeure, un architecte urbaniste et une sociologue, a formulé des propositions pour la ville : agrandir les trottoirs, mettre des panneaux solaires sur les toits, et plus de couleurs, planter des arbres et créer des jardins. Leurs propositions, pleines de bon sens, sont porteuses d’un imaginaire positif. Je souhaite que nous soyons capables d’avoir cette vue de la ville à hauteur d’enfant, avec humilité et ambition. 

 Avec humilité, de façon à associer l’ensemble des personnes concernées, dans la diversité des leurs activités. 

Avec ambition : faire face au défi climatique, en prenant sans tarder les mesures d’atténuation nécessaires, par les mobilités sobres, la transformation de la logistique urbaine ; et les mesures d’adaptation exigées, avec davantage de végétation et de circulations d’eau, pour un centre agréable à vivre, mêlant patrimoine et nature.

 Je vous remercie de voter favorablement cette délibération qui ouvre l’avenir. 


Yasmine BOUAGGA
Conseillère métropolitaine

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