M. Le Président, cher·es collègues,
Des lendemains qui respirent.
Voilà où nous emmène cette ZFE, cette Zone à Faibles Émissions.
Ce dispositif est l’un des grands projets de notre mandat, pour ce qu’il est concrètement, avec les réglementations et opportunités qu’il induit, mais aussi pour tout ce qu’elle apportera dans notre quotidien, en premier lieu la grande amélioration de la qualité de l’air.

Dans notre mandat, je vous le dis, nous n’aurons pas de grands projets, comme dans les années 80. Que ce soit une grande autoroute qui fait le tour de l’agglomération, que ce soit un grand stade toujours plus dévoreur d’espaces agricoles, que ce soit un projet de ligne à grande vitesse avec l’Italie coûtant au total 26 milliards d’euros alors qu’il existe déjà une ligne, utilisée à 20%. Ou encore une tour de bureaux toujours plus grande et plus robuste que la précédente, afin de bien affirmer sa puissance. Non, pour notre mandat, nos actions ont pour but de répondre aux besoins concrets des habitant·es, dans leur quotidien, avec des résultats à court terme, et une vision à long terme.
Parlons ainsi ZFE, court et long terme.
Nous avons déjà évoqué dans cet hémicycle les conséquences néfastes, et même mortelles, de la pollution de l’air sur notre santé. Au-delà des pics de pollution, c’est bien la pollution de fond, chronique, insidieuse, qui rend malade et tue. En France, selon les études, c’est au moins 40 000 personnes qui décèdent prématurément de la mauvaise qualité de l’air. Ces maladies touchent toutes les franges de la population, et prioritairement sur des publics fragiles, telles les personnes âgées, les femmes enceintes, les enfants. Et comme si cela ne suffisait pas, elle concerne plus encore les publics précaires, souvent contraints d’habiter à proximité de grands axes routiers, des axes majeurs de pollution.
Nous en subissons le coût sanitaire mais aussi financier : l’étude faite par le cabinet CE Deft en 2020 pour l’Alliance Européenne pour la santé publique démontre qu’à Lyon, la pollution coûte chaque année 585 millions €, soit 1134 € par personne. 1134 €. Des sommes qui pourraient être fort utiles par ailleurs, surtout en ces temps d’inflation et de flambée des coûts de l’énergie.
Alors non, nous ne pouvons pas nous résigner à laisser un air qui rend malade, un air qui tue, un air qui grève nos porte-monnaie. Nous ne pouvons laisser cet héritage-là aux générations futures ! Nous avons ainsi décidé d’agir face à ce sujet complexe, et de nous donner les moyens.
Pour cela, nous avons déployé, sur 14 mois, un dispositif de concertation sans précédent en France pour une ZFE – avec les citoyen·nes, les professionnel·les, les communes, les agent·es métropolitain·es. 30 000 contributions, plus de 7000 participant·es. Merci à la CNDP, et particulièrement à Laurence Boffet pour ce travail mais surtout pour les dispositifs inédits mis en place : je veux parler ici par exemple du panel citoyen qui a travaillé trois week-ends sur le sujet, je veux parler des rencontres mobiles, je veux parler aussi de l’accompagnement test sur plusieurs mois de familles dans les changements de leurs pratiques de mobilité.
Cette grande concertation, allant bien au-delà des obligations réglementaires, a porté ses fruits.
Aujourd’hui, riche des enseignements tirés et de l’ambition que nous portons pour les habitant·es de la Métropole, avec Jean-Charles Kohlhaas et grâce au gros travail des services, nous vous proposons une ZFE qui concilie efficacité et acceptabilité, une ZFE qui répond aux besoins de long terme en prenant en compte les difficultés du quotidien, une ZFE ambitieuse et protectrice.
Le tout-voiture et le diesel ne sont plus des projets d’avenir. Interdire les Crit’Air 2 n’est pas une lubie mais bien une décision responsable pour respecter la réglementation et surtout protéger la population. Pour rappel, les diesels sont responsables à eux seuls de près de 50% des émissions d’oxyde d’azote (NOx), qui sont très polluants à froid, donc totalement inadaptés aux centres urbains.
Ainsi nous proposons deux périmètres et deux calendriers, selon le déploiement effectif des alternatives en 2026, pour apporter de la souplesse au dispositif.
Pour le périmètre central, les Crit’Air 4, 3 et 2 seront respectivement interdits en janvier 2024, 2025 et 2026, après, à chaque fois, 4 mois de phase pédagogique. Pour le périmètre étendu, un délai d’un an supplémentaire sera donné pour chacune des étapes ; aucune précipitation par rapport au calendrier légal, donc !
Comme il a été dit plus haut, cette ZFE se veut ambitieuse mais également souple. En ce sens, nous proposons certaines dérogations, notamment pour les plus précaires, pour les professionnel·les, et pour celles et ceux qui n’utilisent que rarement leur véhicules, les fameux “petits rouleurs”. Pas d’exclusion, pas de précipitation, comme le montre encore le choix de donner deux ans de plus aux 70% les plus précaires pour s’adapter à l’étape de fin des Crit’Air 2.
Assurer une bonne qualité de l’air est une urgence sanitaire pour laquelle l’État, et c’est un problème, ne déploie pas tous les moyens nécessaires. Rendre obligatoire les ZFE ne suffit pas.
Quand l’État n’accompagne financièrement que les 50% les plus précaires des français·es, nous allons jusqu’à 70%. Nous attendons toujours les radars nécessaires, et nous souhaitons aussi que la vignette Crit’Air prenne en compte d’autres critères, comme le poids des véhicules. Nous demandons plus d’ambition du gouvernement pour préserver notre santé.
En Ile de France, la Région accompagne les collectivités et habitant·es autour du périmètre ZFE. Nous attendons la même chose de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, nous sommes à l’écoute de ses élus. En attendant, nous lançons ses coopérations avec nos territoires voisins.
Au-delà des aides financières, nous déployons une politique cohérente d’alternatives pour apporter une solution à chacune et chacun des habitant·es de notre Métropole.
Ce sont ainsi 23 km de tramway d’ici 4 ans, notamment en périphérie, et plus encore d’ici 2030 ; ce sont des BHNS (Bus à Haut Niveau de Service), des nouvelles lignes de bus, avec des cadences plus élevées. Ce sont aussi les solutions d’autopartage et de covoiturage, c’est la logistique urbaine décarbonée, c’est le chèque mobilité, c’est le retrofit. Nous espérons que le RER à la lyonnaise pourra un jour voir le jour… Nous sommes à l’écoute de la Région ici aussi, cela ne sera que bénéfique pour les habitants.
Ces alternatives, c’est aussi le déploiement des voies lyonnaises, qui suivent la hausse continue de la pratique du vélo (estimée à 15-20% pour 2022), et c’est le plan piéton, qui n’oublions pas, est le premier des modes de transports !
Enfin, pour accompagner cette montée en puissance de la ZFE, l’Agence des mobilités ouverte le 8 septembre a été créée pour les habitantes et habitants. Ses agent·es ont été formé·es pour répondre à toutes les questions que l’on peut se poser sur les moyens de se déplacer, ils répondent aux interrogations sur la ZFE, ils accompagnent vers de nouvelles mobilités.
Des lendemains qui respirent.
Voilà où nous emmène cette Zone à faibles émissions. Plus globalement, ces lendemains qui respirent, c’est notre horizon politique. Toutes les actions que nous entreprenons dans ce mandat nous y emmènent : dans le partage de l’espace public, dans notre capacité à respecter notre environnement et à lui donner plus de place, dans la création de lien et de confiance entre les habitant·es et donc, dans notre capacité à enfin mieux respirer, au sens premier du terme. Afin de vivre, et surtout de bien vivre, en bonne santé, dans notre métropole.
Quelques mots sur les amendements. Merci pour ces propositions.
Nous sommes favorables au premier amendement. Nous avions échangé sur ce sujet lors du groupe de travail, et c’est effectivement une bonne chose que de rendre éligible aux dérogations les personnes travaillant dans le périmètre de la ZFE mais sans y résider. Nous appelons donc à voter cet amendement proposé par “Inventer la Métropole de demain”.
Pour les deuxième et troisième amendements, même si nous comprenons la logique, nous n’allons pas y répondre favorablement et voterons contre. En effet, nous ne sommes pas convaincu·es à ce jour de l’intérêt de proposer des aides équivalentes quels que soient les revenus, et de mettre au même niveau les dérogations citées concernant les particuliers et les entreprises. Cela nous semble trop tôt pour prendre ces décisions, nous préférons ainsi laisser le temps de la concertation réglementaire afin de voir si des ajustements sont nécessaires. Nous invitons par ailleurs les groupes à continuer à participer au groupe de travail sur la ZFE, afin d’approfondir la réflexion.
Mesdames et messieurs, je vous remercie.
Benjamin BADOUARD
Conseiller métropolitain
Co-président du groupe Les Écologistes Grand Lyon Métropole