Intervention préalable de Benjamin BADOUARD

Monsieur le Président, cher·es collègues,

Je voudrais commencer mon propos par des remerciements chaleureux à Sanaz Alavizadeh et Niloufar Aghababaei pour leurs témoignages.

Et je suis vraiment déçu que vous passiez vos petits messages politiques, que vous instrumentalisez ce moment. Pas à ce moment-là, après les avoir entendues. C’était choquant.

Elles nous ont montré l’ampleur du combat auquel fait face tout un peuple depuis    43 ans : l’oppression, la terreur, la violence gratuite, les assassinats, la manipulation… et tout ceci, avec un zèle institutionnalisé contre les femmes, invisibilisées au quotidien, et qui ne valent juridiquement que la moitié d’un homme. 

Mais aujourd’hui, Sanaz et Niloufar nous ont montré aussi l’immense force de tout un peuple, l’immense envie d’émancipation, l’immense soif de renverser cette dictature.

J’ai eu la chance de voyager plusieurs fois en Iran il y a quelques années, pendant plusieurs mois, et de dormir chez l’habitant. J’ai pu mesurer leur grande générosité, leur gentillesse, mais aussi leur énergie, leur force… et leur envie irrépressible d’accéder enfin à la liberté, pour vivre, tout simplement. 

Comme nous toutes et tous ici, les iraniennes et les iraniens aspirent à cette liberté, mais aussi à l’égalité, à la fraternité, et encore plus en ce moment, à la sororité. Car n’oublions pas que ce sont les femmes qui mènent cette révolution. 

Le slogan, qu’elles clament dans les rues malgré la terreur des milices du gouvernement, exprime ces aspirations : Femme Vie Liberté. 

La désinformation règne dans ce pays, mais les iraniennes et iraniens entendent ce qu’il se passe à l’extérieur. Ils et elles puisent une grande partie de leur énergie dans les soutiens que nous leur apportons. Donc continuons, soutenons-les. Plus que jamais, nous avons un rôle à jouer. 

Ces témoignages nous rappellent le danger de l’absence de démocratie dans un pays. Ce danger est de plus en plus présent dans de nombreux Etats, à constater les crises démocratiques et la montée inquiétante des extrémismes dans le monde. Dans le monde, en France et à Lyon aussi, d’ailleurs nous en parlerons dans un vœu à la fin de ce Conseil, dénonçant les agressions de militantes et militants par l’extrême droite et réclamant la fermeture de leurs locaux. 

Ces crises démocratiques génèrent ou s’entretiennent dans d’autres crises. La crise climatique et celle de la biodiversité, et qui nous percutent encore plus brutalement en 2022. La crise énergétique bien sûr, décuplée par la guerre en Ukraine et qui vient nous rappeler brutalement notre dépendance aux énergies fossiles. 

Ainsi, 2022 sera l’année la plus chaude jamais enregistrée sur la planète. Et pourtant le froid arrive depuis quelques semaines. On ressent le froid, et surtout les plus précaires, ressentent ce froid dans leur chair. Mais on ressent, on constate aussi le manque d’anticipation des politiques énergétiques et sociales depuis des décennies. 

On parle aujourd’hui, par exemple, de fermetures d’écoles. Mais ce sont aussi et surtout des personnes qui vont moins se déplacer, se chauffer, se nourrir. Le Président Macron parle de fin de l’abondance, mais pour des millions de français, il n’y en a jamais eu. Nous avons surtout besoin de commencer un vrai partage.

Je voulais m’attarder dans mon propos ce matin sur le rapport rendu par le Sénat sur la mission d’évaluation.

Ce rapport est riche d’enseignements et je ne doute pas que nous aurons le temps d’en discuter plus concrètement dans les mois à venir. Car nous avons pu le remarquer, il y a aussi quelques désaccords entre vos différents groupes.

Il est écrit et répété que le modèle métropolitain est une construction institutionnelle adaptée aux spécificités locales et un retour en arrière n’est ni possible ni souhaitable. 

Le rapport confirme notre légitimité en validant l’élection au suffrage universel direct. Il confirme que le modèle lyonnais est efficace, notamment en ce qui concerne les politiques de solidarité. Il  souligne également la très forte capacité à agir de notre collectivité, pour l’intérêt des habitantes et habitants. 

L’outil Métropole est un vrai atout pour mener des politiques publiques, il donne des capacités d’agir exceptionnelles car il permet de combiner plus facilement des politiques structurelles et sociales, car il permet tout simplement de créer de la cohérence entre toutes les politiques.

Un simple exemple : les Tiny house pour les femmes isolées avec enfants de moins de trois ans. Les terrains, ce sont ceux de l’agglomération, c’est notre politique foncière, que l’on met au service de notre projet solidaire, compétences du Département.

La volonté non dissimulée de remettre en cause notre institution par cette demande de rapport a échoué. 

Vous parlez de verticalité de la gouvernance. Mais comparons ce qui est comparable. Ainsi, une réponse simple serait de vous inviter à commander au Sénat une nouvelle étude d’évaluation. Elle pourrait se nommer “Comparaison des modes et habitudes de gouvernance entre la Région Auvergne Rhône-Alpes et d’autres collectivités”. Nous serions impatients d’en lire les conclusions. Nous comptons sur vous ! 

En fin de compte, au-delà du fonctionnement de l’institution, je crois que c’est plutôt avec les écologistes que vous avez un problème. J’espère au moins que ce n’est pas avec l’écologie.

Vous dénoncez régulièrement nos propositions, notre vision. Vous ne les partagez pas, c’est bien normal nos programmes étaient bien différents. Mais notre cap reste bien de respecter les engagements pris auprès des habitantes et des habitants qui nous ont élus sur cette vision, et ce, au suffrage universel direct. Eux, ils ont saisi notre vision.

Nous avons commencé ce mandat sous de toutes nouvelles règles, alors oui ça demande certainement un tant de calages, des réglages.

Beaucoup de travail, de renforcement de liens avec les maires et les communes a été réalisé, et certaines préconisations sont déjà mises en oeuvre : avec le pouvoir d’actions renforcé des Conférences territoriales des maires (nous allons voter aujourd’hui les projets de territoires de 6 CTM), avec la Dotation de solidarité intercommunale augmentée de 4,3 M€ / an, ou encore avec le fond de dotation des communes, créé par notre majorité, de 10 M€ / an, ce n’est pas négligeable.

Et une proposition. Le lien avec les communes, avec les territoires, est une des clés de la réussite de ce nouvel outil. Mais personne dans cette assemblée ne peut ou ne devrait se prévaloir de s’exprimer au nom de toutes les communes. Elles sont indépendantes, et intégrer ou déplacer les jeux de majorité / opposition que nous connaissons de façon légitime ici, n’est pas à la hauteur des attentes des citoyennes et citoyens. Cela n’est bon pour personne et certainement pas à notre avis pour les habitants de ces communes. 

Ainsi, depuis 2020, nous restons sur la ligne que nous nous sommes fixée, cette fameuse vision : répondre aux enjeux du siècle, servir les intérêts des habitantes et habitants, leur assurer des meilleurs cadre et qualité de vie. 

La métropole fonctionne, et elle fonctionne bien. Car nous faisons les choix politiques qui s’imposent, et car l’outil métropolitain est un vrai atout. 

Nous pouvons aussi ne pas toujours être d’accord, et nous aurons encore le temps de débattre et d’exprimer nos points de vue dans cet hémicycle. Surtout que d’ici 2028 il nous reste quelques années.  Je vous remercie,


Benjamin BADOUARD
Co-président du groupe Les Écologistes Grand Lyon
Conseiller métropolitain

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