Régie Publique de l’eau potable : mise en service le 1er janvier 2023 ! – Intervention de Richard MARION

Monsieur le président, 
Madame la vice-présidente, chère Anne,
Mes chers collègues,
Grandes Lyonnaises et Grands Lyonnais,

95 % de notre eau potable dépend de la nappe alluviale du Rhône et le débit de notre fleuve est attendu en baisse de 30 % d’ici 2050. Comment croire que nous pourrions continuer comme avant, comme si tout n’avait pas déjà changé ?

Plus que jamais, l’eau constitue un bien des plus précieux, un bien vital. Un bien vital pourtant menacé. Les ressources en eau de ce pays, et de cette Métropole, sont d’ores et déjà perturbées par le dérèglement climatique. Les effets en sont durement concrets : cette année à nouveau, nous avons subi des épisodes de grande chaleur, entraînant canicules et sécheresses.

Vous le savez, ces chocs profonds et majeurs accélèrent et dérèglent le grand cycle de l’eau, impactant aussi la biodiversité, faune et flore, et bien sûr les habitants. Ce n’est donc pas une simple contrainte à gérer, optimiser ou dominer mais bien un véritable risque systémique dans lequel l’humain doit retrouver une juste place. L’ensemble du vivant a besoin d’eau. Nous avons toutes et tous besoin d’eau : vous, vous, oui même vous là-bas… et puis les agricultrices et les agriculteurs, les industriel·les, et même nos centrales nucléaires !

 C’est dire, redire, combien l’enjeu est majeur, pluriel ; à tous les sens du terme : vital !

Pour toutes ces raisons fortes, le 14 décembre 2020 nous avons voté en faveur de la fin de la gestion privée du service public de l’eau potable. Nous l’avons voté ensemble et je vous en remercie. Ce faisant, nous actions la reprise en Régie publique de notre eau potable pour janvier 2023. Que les appels à la joie de Noël soient donc rassurés : votre plus beau cadeau, notre plus belle régie, c’est pour dans quelques jours !

Parce qu’aujourd’hui nous y sommes : au 1er janvier, la Régie entrera bel et bien en activité, pour assurer à tous ses usagers à la fois l’accès à un service public de qualité, et la protection de cette ressource vitale qu’est l’eau, notre eau potable, notre eau commune. Nous respectons notre engagement.

A ce titre, au nom du groupe des écologistes, je tiens à féliciter Mme la vice-présidente Anne Grosperrin et Monsieur le vice-président Florestan Groult, l’ensemble du Conseil d’administration de la Régie, ainsi bien sûr que l’ensemble des services investis ces deux dernières années dans la mise sur pied de cette Régie et la préparation d’une nouvelle étape pour l’avenir de la Métropole. Beaucoup de travail, ensemble, pour une fierté que nous voulons aussi partagée.

Nous pouvons également nous réjouir de la confiance accordée par l’immense majorité des salariés de Veolia qui nous rejoignent aujourd’hui. Voilà qui témoigne très concrètement de la qualité des échanges et du partage d’une vision commune autour du service public de l’eau. Quelle plus belle preuve d’amour, en effet, que d’emménager ensemble ?

Confiance et preuves d’amour, fierté partagée, joie de Noël : vous le voyez, l’écologie est naturellement positive !

Soit, mais encore ?

Hé bien, il y a encore que cette belle Régie, c’est justement nous doter des moyens nécessaires pour changer de logiciel, changer notre rapport à l’eau : nous affirmons que, parce que l’eau est une ressource indispensable à la société, l’eau doit être reconnue un bien commun. Parce que l’eau est aussi vitale à toute personne, l’eau doit aussi être reconnue comme un droit fondamental.

Bien commun vital comme droit fondamental à l’eau appellent une logique d’humanité et une logique de solidarité du vivant. Et ces logiques échappent au marché : c’est la Régie publique de l’eau.

Pour autant, soyons clairs et disons le honnêtement : Eau du Grand Lyon a fait du bon travail pour les objectifs qui lui ont été donnés. Le contrat a été respecté : produire une eau qui respecte les normes en vigueur aux conditions commerciales prévues, rien de moins, rien de plus non plus. C’était le contrat.

Les entreprises font leur travail, et il y a tout simplement des choses qu’elles ne savent pas faire, comme gérer démocratiquement un bien commun vital.

Alors il est grand temps, chers collègues, de mettre à niveau cet outil, pour qu’il devienne ce 1er janvier, notre outil commun.

Faisons eau commune : faisons entrer au Conseil d’administration 4 représentantes et représentants, avec un vrai droit de vote. Cette innovation déterminante place les usagers du service public au cœur des décisions que nous prendrons, ensemble, pour l’avenir du bien commun le plus vital.

J’ai bien entendu la demande de contrôler l’action publique. Demande légitime, tellement légitime que nous en sommes d’accord : alors nous allons le faire, avec vous.

Quel meilleur contrôle que pluralisme d’un Conseil d’administration ouvert à toutes les couleurs politiques ? Avec un peu d’humour, je pourrais ajouter : quel meilleur contrôle que le vôtre ? Vous n’avez pas l’air de considérer que ce soit suffisant, et nous l’entendons : les citoyens seront donc aussi présents au Conseil d’administration, avec vous et avec nous. Pour résumer : grâce à nous, vous serez associés à toutes les décisions, et grâce à vous notamment, nous serons donc bien aiguillés. C’est plutôt bien !

Plus sérieusement, il ne s’agit pas seulement d’informer (nous le faisions déjà), il s’agit bien de se réapproprier un bien commun : le faire ensemble et le vivre ensemble parce qu’on le décide ensemble.

Ce sera aussi l’occasion de rapprocher davantage les décisions du concret, à partir de l’expérience de première main qui est celle des usagères et des usagers du service public de l’eau.

Cette expertise citoyenne sera bien précieuse pour bâtir les stratégies de préservation. Nous y réfléchirons donc collectivement, à partir des usages. C’est au fond une méthode simple : réfléchir ensemble et décider ensemble.

Pour que l’Eau nous rassemble, nous mettons donc en place une Régie qui nous ressemble, à l’image de la diversité de ses usagères et ses usagers.

Nous inversons donc la logique : là où technicisation et marchandisation éloignaient les citoyens, nous assumons que le devenir de l’eau est avant tout politique.

Ce sont des choix, ce sont des priorités, ce sont des cohérences.
Alors, chèr·es collègues, soyons fiè·res de ce que nous sommes en train d’accomplir.
Merci à celles et ceux qui nous soutiennent déjà. Et merci à toutes celles et ceux qui nous rejoindront.

Vous êtes là aujourd’hui ? Alors vous pourrez dire, demain, « on l’a fait »
Je vous remercie.

Richard MARION
Conseiller métropolitain

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