Cher·es collègues,
La misère et le mal-logement sont des fléaux qui sont encore et toujours, aujourd’hui, une réalité. Le dernier rapport de la Fondation Abbé Pierre dénombre au moins 4 millions de personnes non ou mal logées, et presque 15 millions fragilisées par la crise du logement. C’est 20% de la population française, 1 personne sur 5 autour de nous ! Et dans la Métropole : 22 000 personnes sans logement ou mal logées, presque 300 enfants sans abris ! Et il nous suffit de sortir de l’Hôtel de Métropole pour mesurer cette réalité encore bien trop forte.

Nous avons donc le devoir de tenir collectivement cette promesse républicaine : celle du droit au logement, un droit humain, fondamental ; celle de rendre effectif le “pouvoir d’habiter”, et en premier lieu pour les ménages les plus en difficultés.
C’est le choix qui est fait par notre Métropole, qui dispose d’une incroyable capacité d’agir aux côtés des communes et des acteurs du territoire, grâce à ses compétences larges, aussi bien sur l’habitat, le logement, l’hébergement, le social et le médico-social. C’est aussi ce choix qui nous pousse à donner dans la gouvernance du PLAID, une place, jusqu’alors inexistante, pour la juste parole des habitantes et des habitants.
Une Métropole où chacun peut et doit pouvoir trouver sa place… une Métropole du bien vivre ensemble ! C’est tout le sens de notre action. Et les réponses sont multiples :
D’abord avec une politique du logement aux objectifs ambitieux mais indispensables, pour produire plus de logements accessibles et abordables, avec 5000 logements locatifs sociaux et 1000 BRS (Bail Réel Solidaire) par an, à horizon 2026, en veillant aussi à leur bonne répartition, puisque nous avons encore trop de communes carencées. C’est aussi de l’innovation pour enrayer la hausse des prix de l’immobilier, avec l’encadrement des loyers, et nous l’espérons, demain, ceux du foncier.
C’est enfin une politique du logement pour lutter contre l’habitat indigne et la précarité énergétique, qui menace aujourd’hui tant de Français.es. C’est pourquoi nous avons renforcé les moyens d’Ecorenov : c’est bon pour le climat, et c’est bon pour le pouvoir d’achat !
Et puis c’est aussi la pleine mobilisation de nos politiques de solidarité, avec une nouvelle approche : celle du logement d’abord. Pour faire reculer durablement le sans-abrisme, résorber les squats et les bidonvilles, pour améliorer les conditions de vie des personnes, nous avons doté la Métropole d’une nouvelle politique d’accueil et d’hospitalité. Là aussi, nous portons une ambition nouvelle et renforcée.
C’est dans ce cadre que nous multiplions les actions et innovations pour renforcer la capacité d’accueil et d’hébergement dans de bonnes conditions, et nous avons là un certain retard à rattraper. Ce sont des formes d’hébergement innovantes, comme les tiny houses, qui redonnent intimité, indépendance et dignité aux mères isolées et leurs enfants qui les occupent ; des mères isolées avec enfants qui sont maintenant pleinement prises en charge par la Métropole, c’est une nouveauté. C’est aussi la mobilisation de logements dans le cadre de l’urbanisme transitoire, qui redonne de la dignité aux sans-abris, aux femmes avec ou sans enfants, aux jeunes sortants de l’Aide Sociale à l’Enfance. Le cas de L’Armoise à La Mulatière en est un bel exemple. Nous remercions d’ailleurs les maires qui s’impliquent au quotidien sur ce sujet, et ne pouvons qu’espérer que d’autres les rejoignent.
À ce jour, ce sont ainsi plus de 1100 personnes, des femmes, des enfants, des personnes précaires, que la Métropole met à l’abri, dont environ 40% sont normalement du ressort de l’État, qui a la compétence de l’hébergement d’urgence.
Alors oui chers collègues, nous sommes fier.es de cette Métropole pleinement engagée pour le pouvoir de se loger et pour la dignité ! Mais nous sommes aussi lucides. Éradiquer le sans-abrisme est un immense défi que les collectivités ne sauraient relever seules, aussi proactives soient-elles.
Il faut y travailler au niveau européen, en favorisant notamment les échanges de bonnes pratiques ; et nous voulons d’ailleurs saluer l’action portée par Renaud Payre en ce sens, en se rendant récemment à Bruxelles.
Et puis il faut bien sûr un engagement plus franc du gouvernement, un fort élan national. Le président Macron s’est lui-même engagé à éradiquer ce fléau qu’est le sans-abrisme. Mais cet élan national, nous peinons encore à le voir.
Nous peinons à le voir quand le gouvernement décide de criminaliser le mal-logement en créant un délit d’occupation sans droit ni titre.
Nous peinons à le voir quand il envisage dans sa première version du budget 2023 de supprimer 14 000 places d’hébergement d’urgence, avant de revenir finalement sur sa décision sous la pression des élu.es, des associations et collectifs, comme ici Jamais Sans Toit dont nous saluons l’action.
Nous peinons à le voir quand, par une directive le 17 novembre dernier, il organise la chasse aux sans-papiers et s’attaque au principe d’accueil inconditionnel dans l’hébergement des personnes sans domicile fixe, menaçant ainsi des milliers de personnes et de familles hébergées sur notre territoire parfois depuis plusieurs années. Pour elles et eux, il aurait pourtant pu faire le choix de la régularisation, pour leur permettre de travailler légalement, d’accéder à un logement, de vivre dignement : bref, tout ce qui leur est impossible aujourd’hui, faute de titre de séjour !
“Gouverner, c’est d’abord loger son peuple” déclarait l’Abbé Pierre il y a presque 70 ans.
Alors, oui, nous collectivités, continuerons à nous mobiliser contre le mal logement !
Je vous remercie
Blandine COLLIN
Conseillère métropolitaine