Cher·es collègues, Mesdames, Messieurs,
Je vais le souligner encore ici une fois, mais les deux témoignages que nous avons entendus tout à l’heure sont très éprouvants et nous rappellent combien la démocratie, même imparfaite, est précieuse.
Nous voudrions rendre humblement hommage à MahsaAmini, qui le 15 septembre est morte sous les coups de la police des mœurs à Téhéran, et aussi à toutes ces femmes iraniennes qui ont enduré et endurent les mêmes souffrances.

Aujourd’hui en Iran, des femmes courageuses enlèvent leur voile dans le même geste que Tahireh, poétesse féministe de la première moitié du 19eme siècle, assassinée à 36 ans parce qu’elle se dévoila dans une assemblée d’hommes. Elle écrivait :
“La tyrannie sera terrassée par la main de l’égalité.
L’ignorance sera démolie par la force de la vérité.
La justice étendra son tapis en tout lieu
Et l’amitié plantera ses arbres partout.”
Ces femmes ont lancé un vent de colère qui s’est transformé en mouvement social rassemblant un grand nombre d’iraniennes et d’iraniens pour un changement de société bien plus profond que l’histoire du seul voile. Cela a entraîné des centaines de morts, dont des dizaines d’enfants comme elles nous l’ont rappelé. Plus que jamais, nous souhaitons apporter tout notre soutien au peuple iranien en lutte et scander avec eux : “Femme -Vie –Liberté !”.
Plus proche de nous, en France, et tout aussi inacceptable : 213 000 femmes par an sont victimes de violences conjugales et des femmes meurent encore sous les coups de leur mari ou compagnon. 122 femmes tuées en 2021, soit une hausse de 20% par rapport à 2020, et déjà 126 féminicides au 8 décembre. Femme Vie Liberté !
Aujourd’hui en France des femmes ont gagné la première bataille pour l’inscription dans la constitution du Droit à l’IVG, portant plus loin la bataille de Simone Veil. Mais nous attendons maintenant un réveil du Sénat, à l’heure où ce droit élémentaire des femmes à disposer de leur corps est remis en cause comme en Pologne, en Hongrie, aux États-Unis.
Aujourd’hui, les études sur le genre ont pu analyser la classification binaire et hiérarchisée de nos rôles sociaux respectifs, à nous, femmes et hommes, et des valeurs qui y sont associées surtout. Une construction sociale dont nous devons nous dégager pour lutter contre l’injustice envers les femmes.
Et comme on ne combat bien que ce que l’on voit, je nous invite à chausser, si ce n’est pas déjà fait, les fameuses lunettes du genre.
Oui chers collègues, il est possible de faire autrement : avec une répartition paritaire des rôles et en faisant confiance aux femmes qui sont tout autant capables que d’autres. Ni pires ni meilleures. Égalité sans condition.
En matière d’égalité femmes hommes, les textes législatifs et les grands principes ne suffisent pas : les représentations sont bien souvent plus tenaces que les lois. Notre majorité métropolitaine s’attaque donc pleinement à ce cercle vicieux, pour l’égalité et la justice. Avec ce Plan Égalité Femmes Hommes, voté il y a maintenant un an, nous portons une ambition nouvelle, une ambition renforcée : aller plus loin !
Nous voulons ici remercier à nouveau l’ensemble des vices présidentes et vices présidents, en particulier Michèle Picard, et toutes les directions de la Métropole pour les nombreuses actions engagées en l’espace d’un an. Je ne reviendrai pas sur toutes, elles vous ont déjà été exposées.

Mais nous voulons vous redire notre satisfaction de voir toutes ces réalisations pour une Métropole exemplaire envers ses agent.es : je pense aux revalorisations salariales votées cette année en faveur des agent.es du secteur médico-social. Je pense aux formations qui ont été proposées, notamment pour lutter contre les stéréotypes de genre dans les recrutements, et au futur dispositif de signalement qui sera opérationnel en début d’année. Je pense enfin aux premières clauses de progrès dans les marchés publics.
Vous redire aussi notre satisfaction de voir cet impératif d’égalité enfin pris en compte dans nos politiques publiques : je pense au travail engagé avec les acteurs culturels ou dans les collèges, notamment contre la précarité menstruelle. Je pense aussi à toutes les réalisations au titre de nos politiques de solidarité : l’accompagnement de 1200 femmes victimes de violence chaque année, l’accompagnement des femmes isolées et précaires dans le cadre du Plan Pauvreté, la lutte contre la prostitution des mineurs. Je pense enfin au travail réalisé dans le cadre des politiques d’urbanisme et de mobilités, pour aller vers un espace public qui fait toute sa place aux femmes.
Cher.es collègues, comme vous pouvez le constater les projets se multiplient, ils fusent, l’égalité infuse toutes nos politiques, et nous ne relâcherons pas notre attention. Bien sûr notre groupe votera cette délibération.
Caroline LAGARDE
Conseillère métropolitaine