Monsieur le Président, chers collègues,
Cela fait maintenant 23 jours qu’une petite révolution a eu lieu au sein de notre Métropole: après deux ans de préparation, depuis ce 1er janvier, la gestion de l’eau potable est devenue publique sur notre territoire.
Plus qu’une sage résolution, c’est une promesse tenue de la part des Écologistes, et l’aboutissement d’un énorme travail avec les services et d’un dialogue appuyé avec les équipes de l’eau du Grand Lyon, qui ont rejoint la régie.

Plus qu’une prouesse technique, cette régie représente la mise en œuvre concrète de notre vision politique concernant la préservation des biens communs ou communs. Avec l’air, il n’existe pas de ressource naturelle plus nécessaire à toute vie que l’eau. Or, ce bien, avec le réchauffement climatique, devient rare. Les dernières canicules de l’été en témoignent. En 1968, l’écologue Garrett Hardin, avec sa Tragédie des Biens Communs, avait pointé un risque de sur-exploitation de nos ressources de quelques-uns aux dépens des autres.
Mais la première femme à recevoir le prix Nobel d’économie en 2009, Ellinor Ostrom, a déjoué cette prédiction en démontrant, références historiques à l’appui, qu’une ressource ne s’épuise pas si on la gère ensemble. Parce que chacun a intérêt, au sein d’une communauté, à la faire perdurer pour son propre usage. Comment préserver l’eau potable sur notre territoire et s’assurer que tout le monde puisse y avoir accès ? En invitant les usagers à prendre part aux décisions concernant sa gestion, sa préservation et ses usages.
Aujourd’hui, à travers la désignation de 4 représentants et représentantes des usagers au Conseil d’administration de la régie de l’eau, nous agissons concrètement pour appuyer cet impératif de démocratie environnementale. 4 représentants c’est marginal me direz-vous ? Non, car cela représente déjà 20% du Conseil d’administration, soit l’équivalent de 30 conseillers sur 150 au sein de cette assemblée. C’est aussi le résultat d’un processus pédagogique et démocratique qui a commencé à transformer notre rapport collectif à la préservation de l’eau.
Depuis fin 2021, les habitants ont pu s’inscrire sur la plateforme “je participe” pour intégrer un groupe de travail élargi. Ce groupe leur a permis d’assister à des ateliers thématiques sur les enjeux techniques, sociaux et environnementaux autour de la ressource en eau potable, puis de définir les principes d’une gouvernance de la Régie qui donne une place plus importante aux usagers du territoire. Il en a découlé une Assemblée citoyenne de l’eau pérenne, qui a élu les quatre représentant·e·s désignés.
Pendant plusieurs mois, nous sommes allés aussi dialoguer avec les Grands Lyonnais à l’occasion de la démarche Eau FuturE, afin de rendre accessible à tous les thématiques de l’eau. Ateliers créatifs et pédagogiques, travail sur les imaginaires associés à l’eau, discussion sur sa préservation étaient au programme.
Merci à Anne Grosperrin, à Laurence Boffet, aux services, pour avoir fait évoluer significativement la participation citoyenne d’une démarche de co-construction avec les habitants à une véritable co-décision entérinant l’ambition de faire de l’eau potable un bien commun. Merci aussi aux 8000 personnes qui se sont impliquées dans la démarche eau Future, aux membres de l’Assemblée citoyenne de l’eau, et enfin aux 14 candidats volontaires au poste de représentants des usagers.
Le groupe des Écologistes votera favorablement cette délibération.
Claire BROSSAUD
Conseillère métropolitaine