M. Le Président, cher·es collègues,
A chaque conseil, nous abordons, dans ces temps d’interventions préalables, des sujets locaux : budget, grands projets d’aménagement, un fait majeur dans la politique locale… Pourtant cette fois-ci, il est difficile de ne pas évoquer le contexte national, qui impacte plus qu’habituellement, le quotidien des français, mais aussi des grandes lyonnaises et lyonnais.
Je pense bien sûr ici à ce projet de réforme des retraites. Nous sommes nombreuses et nombreux à connaître le sujet désormais, et on sait que cela impactera les habitants et nos agents de la Métropole de Lyon, en premier lieu les femmes et les personnes en situation de précarité. Alors, quand vous êtes une femme et en situation de précarité, n’en parlons pas, cette réforme est d’un cynisme sans nom.

Ce cynisme, et le mépris dans la méthode donne simplement pour résultat d’unir encore plus l’ensemble des syndicats, d’unir encore plus les français contre cette réforme. Et tous le disent : la mobilisation ne s’arrêtera pas, et ce jusqu’au retrait. Une mobilisation que nous voulons pacifique et dans le respect du droit, que ce soit de la part des manifestants, et des forces de l’ordre. Je le dis ici, nous sommes, nous écologistes, contre toute forme de violence et nous les condamnons fermement. J’espère que c’est le cas pour tout le monde ici, que tout le monde condamne toutes les formes de violences, d’où qu’elles viennent.
Monsieur Cochet, vous souhaitez parler de respect du droit, de la République. Je vais dans votre sens. J’en profite pour rappeler votre condamnation en appel, pour un total de 150 000€, pour discrimination, et on attend avec impatience la décision du PNF concernant le soupçon d’emploi fictif. Vous devriez vraiment vous faire discret quand on parle de droit, d’argent public, et d’exemplarité. Certains luttent pour le vivant, l’intérêt général, sans aucun bénéfice personnel, d’autres pour eux et eux seuls, en volant l’argent public.
Pour faire baisser la tension, et respecter le peuple, Emmanuel Macron doit l’écouter, cesser ce mépris, et retirer cette réforme.
Une autre tension monte. Sourde depuis de longues années, elle devient de plus en plus prégnante. C’est celle liée au climat.
Lundi dernier a été publiée la synthèse du dernier rapport du Giec. Alarmant, évidemment, et j’espère que dans cet hémicycle personne ne s’y habitue. En tout cas je ne m’y habitue pas, aucun écologiste ne s’y habitue.
Je crois que l’on va aussi toutes et tous avoir du mal à s’habituer aux sécheresses. En ce début de printemps, on ne la ressent pas ou peu, mais les conséquences pour cet été seront certainement terribles.
Ainsi, les tableaux démocratique et écologique ne sont pas très reluisants. A ces constats, deux manières d’y faire face : le déni, et la vision court-termisme, caractéristiques de ce gouvernement, ou la responsabilité du long terme, dans l’action.
A la Métropole, nous nous donnons les moyens d’être dans l’action, en pensant aux lendemains, qui sont notre boussole. Pour les générations futures, et même sans aller si loin, notre génération.
Parlons ainsi solidarité. Nous allons voter pendant ce conseil le nouveau Projet métropolitain des solidarités. Le travail avait été lancé au mandat précédent, influant déjà fortement une politique sociale qui en avait bien besoin. Cette fois-ci, nous allons encore plus loin, avec, en 2023, 120 M€ de plus engagé par rapport à 2020. Aucune collectivité en France n’a fait un tel effort. C’est un vrai changement d’échelle, qui était tout simplement indispensable.
Face au manque de considération du gouvernement pour les personnes en situations de précarité ; avec pas moins de 6 vices-Président·es (Lucie Vacher, Pascal Blanchard, Severine Hemain, Michele Picard, Renaud Payre et Véronique Moreira), et les services, nous donnons toute sa place notamment à l’”aller-vers”, pour toucher les personnes les plus précaires et éloignées des administrations et même de notre société. Elles et ils ne doivent pas être abandonné·es par notre société, nous y mettons toute notre énergie.
Lutter contre la pauvreté et la misère est un combat du quotidien, les effets ne sont pas immédiats et nous devons construire ensemble des solutions. A l’image de ce que nous avons fait sur les jeunes en recours, plus de 102 places ont été ouvertes sur la Métropole. Nous sommes la seule collectivité à agir de la sorte. Même si cela est toujours insuffisant au regard du nombre de sans-abris, plus de 2500 personnes sur la métropole.
Donc, nous agissons, pas dans la communication et le court termisme, mais pour créer des bases solides, pour trouver des solutions de moyen et long terme. Et ce, régulièrement en sortant de nos compétences. Et je tiens sincèrement à remercier les agents du service public de la solidarité pour leur travail.
Parlons aussi économie. Là où certains restent coincés sur le modèle du XXè siècle, nous engageons la transition, avec les entreprises. Un seul exemple : l’industrie productive. En ces temps plus qu’incertains sur l’avenir d’un commerce mondialisé pérenne, nous sommes le seul territoire à aller aussi loin dans la priorisation à l’installation des activités productives.
Ainsi nous accompagnons le parcours foncier et immobilier des entreprises productives et nous les aidons à se transformer pour intégrer les enjeux liés aux ressources (eau, énergie, matières…). Notre Métropole agit aussi pour l’éco-incitation, avec des aides pour l’analyse du cycle de vie, aux bilans carbone, mais aussi des aides aux investissements pour transformer et adapter les processus productifs. C’est là un vrai tournant pour notre économie et l’avenir du territoire.
Enfin parlons démocratie, dialogue avec les citoyens. Je ne vais pas vous cacher que, vu l’actuel exercice de style du Président de la République, il est guère difficile de faire mieux. A force de vouloir écarter les corps intermédiaires et n’écouter que ses amis fortunés, il crée lui-même ce sentiment de colère et ligue la grande majorité des français contre lui, car le mépris emporte rarement les foules, sinon contre soi.
À la confiscation de la décision publique, nous opposons la volonté d’y associer le plus grand nombre, humblement mais résolument.

Ainsi depuis bientôt 3 ans, nous avons organisé un nombre inégalé de concertations et temps d’échanges, sur le PLU-H et le Scot, les Voies Lyonnaises, les aménagements de quartiers ou encore les Assises des quartiers populaires. Nous construisons avec les entreprises aussi, par ex pour le Schéma des achats responsables.
Mais ces avancées ne doivent pas nous suffire. Nombre de personnes et publics restent éloignés de ces espaces de discussion, n’en ayant pas les moyens. Il n’y a pas de recette miracle, mais beaucoup à expérimenter. La démocratie est un idéal qu’il est de notre responsabilité d’élus de faire vivre, dans ces temps où certains en haut lieu paraissent s’en détacher. Ce n’est pas se désavouer que d’entendre, de prendre en compte, de rendre compte, bref d’accepter d’évoluer.
Ainsi, lors de ce conseil nous allons continuer à travailler pour l’intérêt général, avec le Projet métropolitain des solidarités, comme nous l’avons déjà évoqué. Nous allons aussi valoriser l’accès pour toutes et tous à la Culture avec la transformation du technicentre de la Mulatière, nous allons voter le grand projet d’apaisement de la Presqu’île, attendu depuis de nombreuses années… Pour une métropole résolument ancrée dans son siècle, à l’écoute de ses habitants, résiliente et solidaire.
Je vous remercie.
Benjamin BADOUARD
Co-président du groupe Les Ecologistes Grand Lyon
Conseiller métropolitain