Question orale du Conseil de Développement sur la ZFE – Vincent Monot

Monsieur le Président, cher·es collègues, cher·es membre du conseil de développement,

Avec votre interpellation, je veux d’abord rappeler la ZFE pour ce qu’elle est : une obligation légale mais surtout un impératif sanitaire. Sur l’amélioration de la qualité de l’air, notre pays accuse un retard conséquent sur ses voisins européens. L’inaction a trop longtemps duré, et l’on ne peut plus se résigner à subir une pollution atmosphérique qui rend malade et qui tue chaque année au moins 40 000 Françaises et Français selon Santé Publique France, 1000 Grands-Lyonnaises et Grand-Lyonnais, en premier lieu les plus fragiles. Alors oui, garantir à chaque habitant·e de notre Métropole le droit de respirer un air sain est une priorité absolue ! 

S’il y a bien un calendrier légal que nous entendons respecter, nous avons aussi fait le choix de poser un cap très clair : la fin des véhicules diesels, totalement inadaptés aux zones urbaines, et donc la sortie des Crit’Air 2 du cœur de la Métropole. C’est indispensable si l’on veut sortir de la pollution au dioxyde d’azote, dont les moteurs diesels émettent à eux seuls plus de la moitié de la totalité des émissions, plus de 90 % de celles du trafic routier, dioxyde d’azote dont les niveaux dans la Métropole restent très préoccupants, trop souvent au-dessus des seuils européens, et systématiquement supérieurs aux recommandations de l’OMS. Sans sortie des Crit’Air 2, nous n’atteindrons pas ces objectifs de qualité de l’air.

Bien sûr, la mise en place de cette ZFE n’est pas simple et peut inquiéter un certain nombre de nos concitoyen·nes et des acteurs·rices du territoire, particulièrement les plus fragiles d’entre elles et eux. Très naturellement, nous partageons l’alerte du Conseil de Développement sur les impacts sociaux de la ZFE. Depuis le début, nous avons donc choisi de construire une ZFE qui réponde à l’urgence sanitaire tout en apportant des réponses à l’impératif de justice sociale ; inscrire la ZFE dans une politique globale de mobilité garantissant à chacune et chacun la possibilité de se déplacer facilement et autrement pour un air plus de meilleur qualité !

Cet engagement, nous le traduisons en actes et en mesures fortes, quand SYTRAL Mobilités investit plus de 2,5 milliards d’euros d’ici 2026 pour développer massivement les transports en commun, notamment dans les quartiers populaires, et que la Métropole de Lyon investit 500 millions d’euros dans les mobilités actives, le tout pour offrir de réelles alternatives à l’autosolisme, quand nous instaurons la gratuité des TCL et les tarifs solidaires pour celles et ceux pour qui le prix des transports en commun est un frein à leur usage, quand nous mettons en place l’agence des mobilités pour mieux accompagner les habitant·es dans leurs déplacements, quand nous proposons un large dispositif d’aides et dérogations. Oui, cher·es collègues, nous avons la conviction que la ZFE est une occasion de redonner à l’ensemble des foyers, et en particuliers aux plus fragiles, davantage de liberté et de choix dans les mobilités, et ces politiques publiques de mobilités portent déjà leur fruit dans notre Métropole avec une baisse du trafic automobile de 10 % par rapport à 2019, une très forte croissance du trafic cyclable et un nombre d’abonnement aux transports en commun en hausse.

Nous partageons aussi avec le Conseil de Développement l’impératif d’associer les citoyen·nes, et c’est bien la démarche que nous avons choisi dès 2020 en prenant le temps d’une grande concertation. Un dispositif sans précédent en France pour une ZFE, plus de 14 mois, plus de 7000 participant.es, des citoyen·nes, acteur·rices économiques et institutionnels, 30 000 expressions de toute nature pour mieux tenir compte des réalités de chacun·e. Une concertation sous l’égide de la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) dont il faut souligner la grande qualité, avec un panel citoyen et une phase d’expérimentation avec des foyers “test”. Une concertation dont le bilan a permis de préciser et d’améliorer le dispositif : par exemple lorsque nous avons revu les aides et les dérogations pour les professionnel·les, lorsque nous avons élargi à 70 % des foyers les aides, ou lorsque nous avons créé la dérogation « Petit Rouleur ».

Et c’est bien parce nous sommes à l’écoute de toutes les parties prenantes que nous avons récemment proposé des adaptations au dispositif prévu. Si nous avions d’abord proposé le cap pour 2026 pour la sortie des Crit’air 2, assortie d’une dérogation de 2 ans pour 70 % des foyers les moins riches afin de leur laisser le temps de s’adapter, nous proposerons finalement une unique échéance fixée en 2028. Nous poursuivrons également les discussions avec les communes sur la question du périmètre étendu.

Parce que nous sommes à l’écoute des inquiétudes et du besoin de simplification ; parce que cela laissera à chacune et chacun plus de temps ; parce que nous constatons aussi le manque de soutien et de communication de l’État.

Nous remercions le Conseil de Développement pour son interpellation, qui est une occasion de poursuivre le débat sur ce dossier important. S’il est effectivement essentiel d’associer le regard des citoyen·nes dans la démarche d’évaluation à venir, il sera tout aussi indispensable d’y intégrer d’autres regards : celui de la communauté scientifique, des professionnel·les de santé, des acteurs·rices économiques, et même celui des victimes de la pollution de l’air. Car l’évaluation d’un tel dispositif devra nécessairement intégrer les impacts sociaux et les impacts sanitaires. Ce sont deux composantes indissociables, nous y sommes vigilant.es depuis le début et le resteront à l’avenir. 

Et je veux terminer en vous redisant notre conviction : oui, la ZFE peut et doit être un dispositif protecteur. Parce qu’elle permet de lutter contre la pollution de l’air et de garantir une meilleure santé à toutes et tous. Parce qu’elle sera un accélérateur de la transition des mobilités, enjeu essentiel de notre époque dans la lutte contre le dérèglement climatique, avec l’accélération forte du développement des transports en commun et des mobilités actives. Parce que nous la construisons avec une boussole de justice sociale et d’accompagnement des plus fragiles. Parce que nous la construisons dans le dialogue et la concertation !  

Je vous remercie,

Laisser un commentaire