Cher·es collègues,
En écoutant quelques interventions, je retrouve un peu cette illusion que le parc-relai serait l’alpha et l’oméga d’une politique de mobilité. À vous écouter, il suffirait de construire des lignes de métro de partout, avec de gigantesques parkings pour stocker toutes les voitures, et hop problème résolu. Bon vous ne dites pas où vous trouveriez les milliards pour faire tout cela, et vous semblez ignorer que le problème ne sera pas plus résolu puisque les axes pour accéder à ces parcs seraient eux-mêmes saturés. Pour reprendre une expression présidentielle, c’est un peu votre poudre de perlimpinpin…
Alors comme souvent, un exemple permettant de mieux comprendre les choses, je vous invite à penser au tapis de petites voitures, oui celui sur lequel vous avez peut-être joué quand vous étiez enfant. Il y a bien un parking, mais sa taille est raisonnable parce que sur le tapis de voiture il faut aussi placer l’hôpital, l’usine, l’école…
En ville c’est pareil, il faut de la place pour tous les usages.
Sur notre territoire, l’offre de P+R est déjà conséquente avec plus de 11 000 places réparties sur pas moins de 45 parcs relais : 18 du réseau TCL et 27 du réseau TER. Et c’est effectivement une chance car ce sont autant de voitures qui n’entreront pas dans le cœur de la Métropole.
Mais faisons ensemble un petit calcul pour vous montrer les limites du système. Imaginons qu’il faille construire une place de parc-relais pour tous les voitures qui entrent dans la Métropole de Lyon chaque jour, c’est-à-dire 250 000 véhicules. À raison de 12,5m² par place de parking, et donc sans compter les voies d’accès, il faudrait 2 fois la superficie du 1er arrondissement ou la totalité du 2e arrondissement pour loger tous ces véhicules ! Je ne suis pas certain que les habitant·es soient très emballé·es à l’idée de tout raser !
Surtout, ces parcs-relais se construisent à proximité de desserte forte de transports en commun, c’est à dire à l’endroit même où le foncier est stratégique, et mérite d’être utilisé à un autre intérêt que le seul stockage de véhicules tout au long de la journée, comme des logements, des bureaux ou des équipements de service public.
Alors on parle de place de l’espace public, mais on pourrait aussi parler de coût. Une place de parking en ouvrage coûte en général 30 000€ à construire. En reprenant mon exemple précédent, on arrive à 7 milliards d’euros. Une bagatelle somme toute.

Il est donc nécessaire de sortir de “l’illusion P+R”, ce qui ne veut pas dire pour autant empêcher les périrubrain·es d’accéder au centre-ville… La vision stratégique que nous vous présentons aujourd’hui, elle est pragmatique, cohérente, raisonnée et repose sur trois principales actions.
Tout d’abord la création de nouveaux parcs-relais ou l’extension d’existants, là où c’est nécessaire pour contenir les débords. Nous avons par exemple celui de St-Genis-Laval qui ouvrira ses 900 places avant la fin de l’année, nous programmons également à St-Germain-au-Mont-d’Or et à Sathonay-Rillieux, et nous étudierons les opportunités à Grigny ou Quincieux.
Le deuxième volet sera donc de mettre en place, sur les parcs-relais TER qui sont les plus chargés, un contrôle d’accès de manière identique à celui qui existe sur le réseau TCL. C’est logique : les places des parcs relais doivent en priorité servir pour les usager·es des transports en commun.
En parallèle, il nous faut inciter aux rabattements via des modes alternatifs à la voiture individuelle, c’est notamment ce que nous faisons en créant plus de places de stationnement vélo ou encore en réservant certaines zones aux personnes venant à plusieurs dans leur véhicule ! À Oullins par exemple, le taux d’autosolisme est de 84% et il y a donc là un véritable levier pour optimiser l’usage : si ce taux tombait à 50% ce serait 140 places qui seraient libérées !
Enfin, nous allons expérimenter sur certains parcs-relais très fréquentés une priorisation en réservant les places aux personnes à mobilité réduite, à celles venant en covoiturage ou à celles qui viennent de suffisamment loin. Lorsqu’on habite à moins d’un kilomètre d’un parc-relais, on met 12 minutes à pied et à peine 4 minutes à vélo pour le rejoindre.
Et puis pour finir, même si ce n’est pas inscrit dans cette stratégie, permettez-moi d’évoquer une quatrième voie extrêmement importante que les écologistes portent depuis plusieurs années : développons le train. Y aurait-il autant d’habitant·es de Grigny, de Vernaison ou d’Irigny qui iraient au P+R d’Oullins si la ligne Givors-Perrache qui dessert ces mêmes villes avait un cadencement au quart d’heure en heure de pointe ? Là encore, nous redisons notre souhait que la région soit au rendez-vous pour développer un véritable RER sur notre métropole. Et non M. Geourjon, il n’y a pas besoin d’attendre 15 ans pour agir sur cette ligne, ni d’ailleurs sur la capacité d’emport en faisant circuler des trains plus long.
Mme Cardona, vous avez évoqué les Monts d’Or. Là aussi, je vous rappelle qu’il y a par exemple pour les habitant·es de Poleymieux une ligne TER Albigny – Part-Dieu en 11 minutes, mais que les usager·es cherchent tous les matins une place assise dans le train régional.
En attendant, notre majorité agit avec par exemple avec la réorganisation à venir du réseau bus suite au prolongement du métro B aux hôpitaux Sud : nous mettons 1M€ supplémentaire par an pour augmenter le réseau bus dans ce secteur, et permettre au plus grand nombre de nos concitoyen·nes d’y accéder sans véhicule. Pour celles et ceux qui ont encore besoin de leur voiture, la stratégie que nous présentons participe pleinement à leur donner une place au sein des parcs relais, et nous la voterons donc favorablement.
Matthieu VIEIRA
Conseiller métropolitain