Intervention Préalable

Mes chers collègues,

“L’océan brûle et nous regardons ailleurs”

Tel est le titre de l’édito de Libération en ce mois de juin 2023, évoquant les canicules marines dévastatrices pour la biodiversité et se faisant le relais de l’alerte lancée par l’Organisation Mondiale Météorologique. 

La conjonction de phénomènes naturels cycliques tel que “El nino” ajouté aux conséquences déjà à l’œuvre du dérèglement climatique risquent d’aboutir à des évènements extrêmes dans plusieurs régions du globe dont l’intensité et la durée restent difficiles à évaluer. 

Malgré les discours du Chef de l’Etat, en particulier à l’international, en France, nous ne voyons pas la cohérence avec les actes. Après le fiasco du “qui aurait pu prédire”, la priorité aurait dû être l’écoute et le respect envers les scientifiques ou les mouvements écologistes. 

Mais au lieu de cela, l’entreprise visant à faire passer les écologistes radicaux pour des terroristes est affligeante. 

Il est d’ailleurs révélateur que la dissolution du collectif Les Soulèvements de la Terre ait été aussi rapide quand un syndicat comme la FNSEA, qui s’est illustrée depuis les années 60 par les destructions de biens publics, le saccage des préfectures et même de ministères sans oublier les agressions d’élus, lui, n’a jamais été inquiété ! (2 poids, 2 mesures)

Comme le disait la Fédération France Nature Environnement, “E.Macron se trompe de combat” et laisse son ministre employer ce qui était réservé auparavant à de vrais dangers : la lutte contre les groupes de combat et les milices privées, la lutte contre les appels à la haine et à la discrimination, la lutte contre les actes de terrorisme.

Les tensions sur nos ressources en eau, en énergie, en espaces naturels et agricoles, vont engendrer toujours plus de conflits d’usage et de fait, de plus en plus de colères et de révoltes. Pour l’instant la seule réponse a été plus de fermeté jusqu’à flirter avec les limites de l’Etat de droit. Un constat partagé au-delà de la gauche, par des personnalités de la droite républicaine comme Dominique De Villepin qui évoque un risque de “démocratie illibérale”.

Mais nous n’avons pas besoin de quelqu’un qui montre son autorité par les muscles mais par l’exemple. En écoutant, en prenant en considération, et étant à la hauteur des enjeux.

Écouter, prendre en compte les situations, tout en étant à la hauteur des enjeux, a été notre préoccupation constante pour la mise en place d’un dispositif aussi complexe et controversé que la Zone à faibles Émissions. 

Nous y reviendrons mais il me semble que, quel que soit son bord politique, personne ne peut nier ici, la prise en compte par l’exécutif des différentes positions, oppositions, et propositions qui ont émaillé nos échanges jusqu’à la délibération d’aujourd’hui.

J’espère que, dans ce débat, nous pourrons démontrer notre capacité collective à développer nos arguments et dépasser les caricatures habituelles, comme l’énième couplet de l’écolo dogmatique.

Par exemple, sur la position des écologistes sur le projet de 2è ligne ferroviaire transalpine Lyon-Turin. Nous avons vu un déferlement de raccourcis grossiers comme le slogan d’un de vos collègues républicains dont, je pense, il n’est pas nécessaire que je cite le nom, en résumé ça disait : “ils sont contre Lyon-Turin donc contre le train”, hein, on ne va pas s’embarrasser d’un peu d’arguments de fonds, ça risquerait de nuire sans doute à une bonne réaction primaire sur les réseaux sociaux…

Mais toute personne ayant suivi un tant soit peu ce dossier, sait que les arguments des opposants sont tout à fait justifiés et pose de vraies questions : celle du choix stratégiques mais aussi le ratio coût financier/bénéfices de certains grands projets, inutiles pour certains, nécessaire pour d’autres, de l’optimisation des lignes existantes, de l’équilibre entre le développement économique et la préservation de l’environnement, d’une politique efficace du report modal ou encore du tarissement des ressources en eau. (ce sont des questions sérieuses qui méritent des élus sérieux sur le sujet)

Cela demande de changer les priorités et de paradigme. C’est ce qui guide l’action de la Métropole, en plaçant la transition écologique au cœur de l’action et non comme un supplément d’âme.

Changer de paradigme pour adapter notre territoire aux enjeux de demain tout en garantissant le bien-vivre pour toutes et tous, c’est que nous faisons au travers, par exemple, de l’aménagement urbain et des espaces publics, (apaisés et végétalisés), de la diffusion du logement abordable sur le territoire, avec une politique très volontariste malgré un contexte national peu favorable,au travers du coup d’accélérateur sur le développement des mobilités, au travers du soutien à une économie qui pense durabilité avant profit et qui accompagne vers des pratiques plus vertueuses, au travers de politiques sociales fortes,  nous évoquerons notamment au travers de ce conseil les schémas directeur enfance et PA-PH (pers âgées – pers handicapées), ou encore à cette manière de combiner le tout dans des projets transverses et innovants.

J’espère que nos débats seront riches, je vous remercie.

Vinciane BRUNEL-VIEIRA
Conseillère métropolitaine

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