Expérimentation France Travail à Givors et Grigny et accompagnement des allocataires du RSA

M. le Président, cher·es collègues,

Depuis notre arrivée aux responsabilités il y a trois ans, notre majorité a décidé d’agir fortement pour les solidarités, notamment dans le champ de l’insertion. Avec le développement de nouvelles MMIE, le renforcement de la charte des 1000, l’ouverture de nouveaux Territoires zéro chômeur de longue durée, ou encore le Revenu de solidarité jeunes qui participe à cette dynamique d’accompagnement des plus précaires.

Au global, nous avons augmenté le budget de 15% du secteur de l’insertion. C’est un choix politique, une priorisation budgétaire, en l’occurrence en miroir du mandat précédent, où l’on était plutôt sur une baisse des financements. Nous faisons ce choix d’une redistribution plus juste du capital commun, car c’est dans l’ADN du projet écologiste, et car c’est tout simplement indispensable pour accompagner les personnes qui sont dans dans le besoin.

Dans ce contexte économique et social de plus en plus dégradé, les pouvoirs publics se doivent d’agir, et se doivent d’être solidaires. Nous, Métropole de Lyon, nous prenons cette responsabilité, nous agissons. Nous nous réjouissons d’ailleurs du voeu concernant France Travail, porté par le groupe La Métro positive, que nous appellerons à voter.

Pour autant, au-delà de ce vœu, je sais que nous, les Ecologistes, n’avons pas la même vision de la solidarité et de l’insertion que la droite et le gouvernement.

Nous pensons que ce n’est pas en stigmatisant les plus précaires, en les réduisant au statut d’assistés comme c’est régulièrement dit, et en leur arguant qu’il suffit de traverser la rue (ou de chercher sur le Vieux Port s’il y a du boulot quand on est à Marseille), que l’on sort des personnes de la précarité, et qu’on les fait reprendre pied dans la société.

Ces personnes ne sont pas arrivées dans ces situations par choix, et elles n’en sortiront pas simplement en leur dictant la marche à suivre. Ces personnes ont connu des parcours de vie souvent très compliqués, et si elles se retrouvent dans l’incapacité de travailler, nous avons le devoir de les accompagner, de les aider à retrouver l’estime de soi, la dignité, la confiance en soi. Et cela peut prendre du temps. 1 an, 2 ans, 5 ans ou plus, et en fait cela prendra le temps qu’il faudra.

Laissez-moi vous raconter l’histoire de Jean-Pierre, un habitant de notre Métropole de Lyon, qui travaillait il y a quelques années en cantine scolaire. Il a alors été victime de harcèlement sur son lieu de travail. Il n’était pas armé pour affronter ces humiliations, et ç’a été pour lui comme pour beaucoup d’autres personnes le début d’une descente aux enfers : cela a détruit sa vie de couple, puis il s’est retrouvé au chômage, puis au RSA, dans une précarité toujours plus grande.

Mais il n’a pas été laissé seul. Il a été soutenu. La société, la force publique, la solidarité humaine tout simplement l’a accompagnée. Il est alors entré dans une dynamique de remobilisation. Il est passé notamment par les Escales solidaires, il est arrivé à raconter son histoire, à partager ses difficultés, il a été écouté, et petit à petit il a repris confiance en lui, en ses capacités, et aujourd’hui il travaille de nouveau dans la restauration collective.

Cet accompagnement, qui fait ses preuves, permet à ces personnes de reprendre pied, de sortir d’un système de précarité et d’assistanat dans lequel certains voudraient facilement les ranger.

C’est en fait assez indécent, de voir ces personnes, souvent désespérées, se faire stigmatiser, classer, repousser hors de la société par la droite et ce gouvernement, qui en fin de compte vivent hors-sol, dans une utopie libérale où tout le monde aurait les mêmes chances, où tout le monde serait né sous la même étoile, et où l’on devrait se débrouiller seul face aux événements de la vie. C’est effectivement facile de rejeter la faute sur l’inconnu, sur l’autre, le faible.

Par contre, quand il faut cibler les plus aisés, là il n’y a plus personne. Et comme l’a dit ma collègue, c’est plus qu’indécent de critiquer à tout va la fraude sociale, quand celle-ci est dix à douze fois inférieure à la fraude fiscale. Protéger les plus riches, toujours. Entreprendre une vraie réflexion et des vraies politiques pragmatiques pour les plus précaires, là, c’est le vide, du côté de la droite et du gouvernement.

Pour revenir à la délibération…

Givors et Grigny sont deux communes particulièrement pauvres. Plus de 1300 personnes sont bénéficiaires du RSA. D’ailleurs, une majorité sont des femmes, souvent mères célibataires, pas ou peu diplômées. Typiquement, ce territoire a besoin d’une attention particulière. Que nous lui apportons, en ciblant cette expérimentation.

Concrètement, cette délibération acte la signature de conventions avec l’Etat, Kéolis, et les Départements d’Ille et Vilaine et de Loire Atlantique. Des conventions qui vont permettre un renforcement du nombre de professionnels dans les démarches de retour à l’emploi, de favoriser la synergie de ces différents acteurs, de gagner en efficience dans les démarches.

Nous le précisons ici clairement: les 15 à 20h hebdomadaires évoquées par le gouvernement ne peuvent constituer un travail ou une activité obligatoire. Pour cela, il existe des contrats, comme les CDD ou les CDI. Si les lignes rouges, que nous avons fixées ne sont pas respectées, nous nous retirerons de cette expérimentation.

Les premiers résultats de cette expérimentation sont prometteurs, avec un temps d’instruction beaucoup plus court qu’auparavant, et un nombre de personnes suivies en hausse. C’est un bon début. Poursuivons.

Je vous remercie.

Benjamin BADOUARD
Conseiller Métropolitain.

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