Merci monsieur le président,
Comptant parmi les 70 % d’adultes qui ne mangent pas systématiquement 5 fruits et légumes par jour mais qui sont désireux de faire mieux, je me suis arrêtée en chemin ce matin chez un primeur pour acheter une botte de carottes.
A la différence de la betterave ou de l’artichaut qui – eux – ne sont identifiés que par 1 enfant sur 10, les carottes font partie des habitudes alimentaires des Français. Si l’adage populaire leur prête la vertu de rendre les gens plus aimables, la science établit que leur richesse en beta-carotene – participe à ralentir le vieillissement cellulaire et donc à prévenir certaines maladies.
Cet achat d’une botte de carottes à 5 euros/ pièce est sans nul doute vertueux.
Il soutient en effet les producteurs de carottes qui ont vu leur production baisser de 20% en raison du changement climatique. Il soutient également l’agriculture biologique qui connaît une conjoncture difficile. Enfin, il témoigne de la volonté de maintenir une agriculture locale, dans la métropole notamment. Je tiens – au nom du groupe Les Écologistes – à souligner ici l’action remarquable de détermination et d’engagement du vice-président Jérémy Camus.
Aussi vertueux qu’il soit, cet achat relève néanmoins moins d’un choix individuel que d’une conjonction de facteurs socio-économiques.
D’un point de point sociologique, si l’on compare aujourd’hui les plus jeunes à leurs grands-parents, ils mangent 3 à 4 fois moins de fruits et légumes et – sans surprise – ils sont 6x plus nombreux à souffrir de surpoids. Dans le même temps, 100% des spots publicitaires alimentaires qui leur sont destinés font la promotion d’aliments avec des nutriscores C, D ou E.
D’un point de vue économique, je ne surprendrais personne en rappelant que l’alimentation des ménages est directement liée à leur revenu disponible, et constitue souvent la première variable d’ajustement.
Ainsi, alors que les carottes ont augmenté de plus 60 % depuis 2021, leur consommation a chuté de 17 % sur la même période.
Alors que se dégradent tout à la fois les conditions de l’agriculture durable, les connaissances et de la culture du manger sain, et les capacités financières des ménages, l’injustice alimentaire si elle est croissante et flagrante, reste à ce jour sans réponse de l’Etat.
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Comme nous y invitaient les élus locaux – dont Jeremy Camus – signataires d’une récente tribune parue dans Libération: « Pour un accès à une alimentation de qualité, soutenons les initiatives locales ! ».
Et c’est bien de pouvoir d’agir rendu aux citoyens, d’inclusion des plus précaires, de démocratisation des structures de gouvernance et de co-construction avec les acteurs de notre territoire dont il s’agit avec : l’expérimentation du projet Sesame (acronyme de sécurité sociale alimentaire métropolitaine) porté par le collectif Territoires à VivreS, du projet jeunesse animé par Agribio Rhone Loire, ou du Tiers-lieu alimentaire du Faitout.
En votant cette délibération, notre Conseil approfondi d’une part la stratégie alimentaire métropolitaine en renforçant les moyens de production du territoire et les circuits de distribution et d’éducation. D’autre part, il pose les jalons d’un droit essentiel et plus que jamais nécessaire : le droit à une alimentation durable.
Nous avons ici la chance de faire de notre métropole une collectivité pionnière en innovant pour la justice alimentaire. Le groupe Les Écologistes soutient donc avec enthousiasme cette délibération qui plantent les graines – notamment d’une sécurité sociale de l’alimentation – qui ne manqueront pas de germer au delà du 8e arrondissement de Lyon et de notre Métropole.
Je vous remercie
Nadine GEORGEL
Conseillère métropolitaine