Monsieur le président, mes chers collègues,
Quel été et fin d’été éprouvants, nous avons traversé avec
- Des orages de grêle au mois de juillet,
- Le département du Rhône classé en alerte rouge canicule, et
- De trop nombreuses journées, à Lyon, au-delà des 40 degrés…
Ces bien tristes records, nous en subissons toutes et tous les conséquences. Mais elles sont d’autant plus dramatiques dans le secteur de l’agriculture, à la merci de ces aléas climatiques. En juillet, à côté de chez moi, dans les Mont d’Or, la grêle a dévasté jusqu’à 80% des vignes par endroit, en 10 minutes !
Une double punition, pour un secteur déjà impacté par le recul des achats alimentaires, depuis la hausse des prix des denrées, de 20%, en deux ans. A ce niveau, le secteur de la bio est particulièrement touché, avec des chutes de marché de 13%, dans certains secteurs alimentaires.
En tant que collectivité, soutenir nos actrices et acteurs de la filière bio en proie à une situation particulièrement critique, est bel et bien une priorité.
En effet, ces personnes sont un véritable atout pour notre territoire, à de multiples niveaux:
- pour renforcer notre résilience et notre autonomie alimentaire,
- pour protéger le bien-être et la santé des producteurs comme des consommateurs,
- pour préserver la biodiversité et nos ressources naturelles.
Ces enjeux de soutien à l’agriculture Bio sont d’autant plus forts que ce secteur représente presque 20% de la surface agricole utile du Grand Lyon : c’est un acteur conséquent et vertueux pour notre économie locale, qui s’inscrit dans une logique de proximité avec nos commerçants et nos habitants. Il contribue à la création d’emplois locaux valorisants, porteurs de sens et de bien vivres, dans nos communes, comme autour de Curis, où on peut croiser une productrice de petits fruits Bio, un producteur de champignons et endives Bio, des vignerons Bio, un producteur de fromage de chèvres Bio, un producteur de céréales et boulanger Bio, des maraîchers qui produisent des légumes Bio et animent un marché 2 fois par semaine… Bref, un beau circuit d’économie locale vertueux pour notre santé, nos ressources et notre biodiversité.

A travers le plan de soutien à la filière bio, c’est un accompagnement concret et adapté que nous voulons prendre envers nos agriculteurs qui s’engagent ou veulent s’engager dans une démarche biologique. Nous pouvons souligner la diversité des actions qui sont comprises dans ce plan :
On y retrouve des solutions d’ordre financier pour soutenir matériellement les agriculteurs. Par exemple, le financement des coûts de certification pour les exploitations en agriculture biologique, qui constitue un vrai soulagement au regard de ce budget et du temps consacré à répondre aux exigences de ces audits externes.
C’est aussi des aides à travers un accompagnement des agriculteurs dans leurs démarches, comme par exemple les mesures de tutorat post installation ainsi que la création de groupes d’échanges mixtes entre arboriculteurs conventionnels et bio.
Enfin, les axes autour de la stimulation de la demande locale vont permettre à la fois de garantir des marchés et de favoriser l’accès, à des produits bio, locaux et de qualité, pour toutes et tous.
Nous pouvons saluer le travail de Jérémy Camus, et de l’ensemble des services qui comme d’habitude ont su faire preuve d’écoute et de réactivité dans leur travail. Cela se traduit à la fois par la mise en place du dispositif Agr’eau pour pallier la disparition des MAEC de nos compétences, et comme nous le venons de le voir, avec ce plan de soutien à la Bio. Deux dispositifs ambitieux, au service des acteurs de l’agroécologie et de la bio encore trop peu soutenu au regard de tous les bénéfices qu’ils peuvent nous apporter.
Un constat que nous partageons avec la cour des comptes, qui pointait dans son rapport du 30 juin 2022, l’échec des programmes d’action nationaux, comme l’a dit précédemment Jeremy Camus… Je ne vais pas revenir sur les chiffres, mais cette tendance nationale se décline à toutes les échelles : à commencer par la région Auvergne Rhone Alpes :
Nous déplorons le manque de moyens consacrés à la bio, avec seulement 8.5 millions d’€ sur 5 ans pour renouveler son plan de développement de l’agriculture Biologique au regard des 200 millions d’€ par an de budget agricole très peu conditionné.
On peut souligner également l’abandon progressif des soutiens aux structures d’accompagnement des agriculteurs hors chambre d’agriculture, comme l’ARDAB ou même les ADDEAR.
Des conséquences bien pires encore quand elles sont doublées d’un manque de volonté dans leur application au niveau de l’Union Européenne. Les objectifs ambitieux du Pacte Vert ou Green Deal, massivement soutenus par le parlement Européen, ne rencontrent qu’un seul obstacle : l’actuelle Politique agricole Commune, la PAC, qui permettra difficilement de rencontrer les objectifs de 25% de terres agricoles en bio, quand on voit le manque d’engagements concrets pour les exploitations biologiques et petites structures. La proposition de renouveler l’autorisation du Glyphosate, pour 10 ans, dans l’UE, mercredi dernier, illustre parfaitement cette hypocrisie.
Il nous faut mettre fin à ce double discours et orienter ensemble nos efforts vers une véritable politique publique de l’agriculture biologique, mieux intégrée et plus ambitieuse, à la hauteur du défi qui nous attend, capable de mieux accueillir les générations futures. Parce que comme le disait déjà Saint Exupery, « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants.”
Blandine COLLIN
Conseillère métropolitaine